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Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme va s’étendre

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 20 février 2025 - 511 mots

PARIS

Pour ce projet qui augmentera les surfaces de 35 %, le musée fermera deux ans.

Paris. Près de trente ans après son inauguration dans l’hôtel Saint-Aignan, dans le 3e arrondissement, le Musée d’art et histoire du judaïsme (MAHJ) va renouveler son parcours en profondeur. « Nous avons fait le diagnostic d’un parcours permanent où la contextualisation des œuvres n’est pas suffisante pour un public ignorant tout du judaïsme, explique Paul Salmona, directeur du MAHJ. Il nous faut également donner une place accrue aux expositions temporaires, un enjeu pour attirer le public de proximité et montrer la vitalité des cultures du judaïsme. » Le projet, chiffré à 22 millions d’euros, est largement financé par la Ville de Paris (9 M€) et le ministère de la Culture (6,5 M€), associés depuis 1998 et la création de ce musée. Ce budget est complété par 3 millions provenant du contrat de plan État-Région, la Fondation ProMahj devant réunir les 3,5 millions restants. Cette fondation pourra compter sur les adhérents du Mahj, dont le nombre a triplé en dix ans (1 800).

Le chantier portera sur le clos et le couvert de l’hôtel particulier du XVIIe siècle – propriété de la Ville de Paris, maître d’ouvrage –, remédiant à des problèmes d’étanchéité, mais aussi de climatisation, en reliant le musée au réseau de fraîcheur municipal. Paris met également à disposition une école désaffectée située à proximité, dans laquelle seront installés les bureaux et la bibliothèque du musée. Un déménagement qui permet de libérer 600 mètres carrés dans l’hôtel particulier, affectés au parcours permanent (qui gagne 35 % de surfaces avec 1 226 m²) et aux expositions temporaires ; celles-ci disposeront d’un plateau plus praticable que les espaces actuels, au premier étage. Deux années de fermeture seront nécessaires, de fin 2027 à 2030, pour mener à bien ce projet.

Mieux faire connaître l’histoire du judaïsme en France

L’exposition permanente aura désormais une entrée et une sortie donnant sur la librairie. La nouvelle muséographie insistera sur l’histoire du judaïsme en France : « C’est l’un des paradoxes du parcours permanent, souligne Paul Salmona, car la France a été un pôle d’attraction pour les Juifs d’Europe et du pourtour méditerranéen, avec la présence ininterrompue après les expulsions médiévales de communautés subsistant dans le comtat Venaissin et en Alsace. Or notre parcours néglige cette histoire des Juifs en France, contrairement aux autres grands musées juifs européens, qui privilégient leur histoire nationale, comme ceux d’Amsterdam ou de Berlin. »

Une large place sera ainsi accordée au XXe siècle, là où l’exposition actuelle s’arrête avant la Seconde Guerre mondiale. Les résistances juives durant l’Occupation, les Colloques des intellectuels juifs de langue française ou l’arrivée des populations juives d’Afrique du Nord en France métropolitaine pourront être traités. Le nouveau parcours insistera également sur la diversité des communautés juives implantées sur le territoire, ainsi que sur l’originalité du modèle d’intégration des Juifs en France. « C’est aussi un projet politique, explique le directeur, car il y a peu d’institutions qui peuvent susciter cette connaissance des Juifs, non pas à travers les discriminations et persécutions qu’ils ont subies, mais à travers leur culture. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme va s’étendre

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