L’institution new-yorkaise vient de créer un département réunissant le XIXe siècle et l’art moderne et contemporain.
NEW YORK - Le Metropolitan Museum of Art (MET), à New York, vient de subir une restructuration majeure avec la création d’un nouveau département réunissant œuvres du XIXe siècle, d’art moderne et d’art contemporain. Celui-ci couvre la peinture européenne de 1800 à nos jours, aussi bien que la sculpture du XXe siècle, les dessins, les imprimés, les arts décoratifs et le design. Le 1er juillet, Gary Tinterow, chargé depuis 1983 de la peinture européenne du XIXe siècle, est devenu le conservateur de ce département avec pour mission « d’offrir au public l’histoire vivante et intégrale de l’art moderne, incluant tous les supports ». William S. Liebermann, qui dirigeait le département d’art moderne depuis un quart de siècle, en devient quant à lui président émérite et consultant.
Le directeur du musée, Philippe de Montebello, a déclaré que le Metropolitan allait commencer à « redéfinir certaines de ses missions de conservation en fonction du nouveau département », ajoutant que ses collections feraient l’objet d’une réorganisation. Ainsi les œuvres d’art européen postérieures à 1800 – impressionnisme et post-impressionnisme inclus – viendront-elles s’ajouter à celles du XXe siècle, pour une couverture des deux derniers siècles par ce département. « Par ces modifications mûrement réfléchies, le Metropolitan reconnaît aussi la part croissante qu’est appelée à occuper l’époque moderne dans ses futurs programmes d’acquisition et d’exposition », a souligné Philippe de Montebello.
Le musée a également annoncé un projet d’agrandissement qui devrait procurer 929 m² supplémentaires au nouveau département. Cette décision survient quelques mois à peine avant que le Museum of Modern Art (MoMA) ne retrouve son quartier général rénové, au cœur de Manhattan. Elle annonce de manière implicite l’entrée en jeu du Metropolitan dans le domaine de l’art moderne et contemporain.
« Présentation fluide »
Gary Tinterow, qui a conçu le réaménagement des salles de peinture européenne du XIXe siècle, sera chargé de les développer et de les relier à la peinture du début du XXe. « Je compte travailler en étroite collaboration avec mes collègues – chargés de la photographie, de l’art américain, de la sculpture et des arts décoratifs européens, des dessins et des imprimés – pour offrir au public une présentation fluide de l’époque moderne. »
Si le musée a les moyens d’une telle présentation, il les doit largement à William S. Liebermann, qui a rejoint le Metropolitan en 1979 après trente-quatre ans passés au MoMA où, sous l’autorité de son fondateur et directeur Alfred H. Barr Jr, il avait monté le département des Imprimés en 1949 et celui des Dessins en 1971. Grand organisateur d’expositions au MoMA, il s’est principalement consacré depuis son entrée au Metropolitan à l’enrichissement du fonds du musée grâce à de grandes collections d’art moderne. Parmi les legs importants qu’il a obtenus pour le musée, figurent ceux de Jacques et Natasha Gelman, Florene Schoenborn, Klaus G. Perls et son épouse, ainsi que de la Fondation Pierre et Maria-Gaetana Matisse. Avec ces fonds, il a réussi à lui tout seul à faire entrer le XXe siècle dans les collections du musée, ouvrant en 1987 l’aile « Lila Acheson Wallace for Modern Art ». Cette collection d’art moderne compte aujourd’hui quelque 12 000 œuvres sur tous supports, avec des salles réservées à Camille Corot, Gustave Courbet, Claude Monet, Edgar Degas et Paul Cézanne.
La nouvelle présentation se déploiera au second étage et sera prolongée par une passerelle qui traversera l’immense salle des arts océaniens de l’aile Rockefeller. La construction de cette nouvelle salle accompagnera le réaménagement imminent du musée et de ses collections. La dernière décennie a vu la rénovation de ses salles consacrées à l’Asie, à la Grèce, aux arts décoratifs anglais. L’institution a également ouvert des salles vouées à la photographie, un service de restauration et de conservation des textiles, un studio de photographie, une photothèque ainsi qu’un laboratoire de restauration des papiers et des photographies. L’aile égyptienne et les salles romaines et étrusques sont en cours de rafraîchissement.
Cette succession de réaménagements avait été en partie programmée en 2000, afin de libérer des surfaces d’exposition en déplaçant les réserves, les bureaux et les services pédagogiques sous la fontaine sud, devant le musée, et dans des salles alors à creuser sous le musée, du côté de Central Park. Les événements du 11 Septembre ont entraîné une révision à la baisse du projet.
Les travaux ont aussi suscité des résistances de la part du voisinage. Le 14 mai, un juge de la Cour suprême de l’État de New York a repoussé une action introduite par des résidants de l’Upper East Side en vue d’interrompre la construction. L’affaire est aujourd’hui en appel.
Le musée doit actuellement réunir 900 millions de dollars (746 millions d’euros), contre 650 millions en janvier 2003. Selon Nina Diefenbach, responsable du développement, ce surcoût vient étoffer de 60 millions la dotation, de 175 millions la construction et de 15 millions les acquisitions. Au 10 juin, le musée avait déjà reçu 637 millions de dons ou promesses de dons et 63 millions de dons différés, comprenant plus de 34 dons supérieurs à 5 millions – dont l’un de Michael Bloomberg, le richissime maire de la ville –, et pas moins de 80 dons de 1 million de dollars ou plus.
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Le MET sur les pas du MoMA
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°199 du 24 septembre 2004, avec le titre suivant : Le MET sur les pas du MoMA