La reconstruction du patrimoine historique de l’ex-Allemagne de l’Est se poursuit progressivement. Pour un budget équivalent à 1,4 milliard de francs, le Land de Saxe et le gouvernement fédéral ont décidé de reconstituer à l’identique l’un des plus glorieux symboles artistiques et dynastiques du pays, le château qui abritait le Grünes Gewölbe, à Dresde.
DRESDE - Le 13 février 1945, les bombes anglaises et américaines détruisaient Dresde et le château qui abritait le Grünes Gewölbe. Trois des huit salles de ce dernier, aux murs chamarrés de dorures et de miroirs, étaient anéanties, mais les cinq autres ont miraculeusement survécu au déluge de feu, protégées par leurs portes d’acier. Les collections, entreposées en lieu sûr, étaient intactes.
Le Grünes Gewölbe de Dresde a incarné, pendant des siècles, l’orgueil de la Saxe. Comme les Schatzkammer impériaux et royaux de Vienne ou de Munich, l’ensemble a été aménagé au XVIe siècle pour asseoir l’importance de la dynastie régnante des Wettin, à la fois comme instrument de propagande, réserve financière et embryon de musée.
Parmi ses trois mille objets d’art se trouvent certains des chefs-d’œuvre les plus remarquables jamais réalisés en Europe. Les plus célèbres ont été exécutés au début du XVIIIe siècle pour Auguste le Fort, prince-électeur de Saxe et roi de Pologne, et l’on y remarque, entre autres, le surtout de table de l’orfèvre Johann Melchior Dinglinger, "L’anniversaire du Grand Moghol", avec ses cent trente-deux personnages et animaux constellés de pierreries.
Durant la période communiste, ces collections ont été redéployées dans un autre bâtiment, et le château laissé en ruines. Aujourd’hui, le Land de Saxe, avec l’aide du gouvernement fédéral, va dépenser 400 millions de deutschemarks (1,4 milliard de francs) pour reconstruire le château et le Grünes Gewölbe à l’identique. L’ensemble pourrait ouvrir ses portes au public d’ici cinq à six ans.
Le directeur du programme est Dirk Syndram, un Rhénan quadragénaire élu à ce poste par les neuf autres directeurs des musées de Dresde, en 1992. Son projet est de présenter un Gesamtkunstwerk ("œuvre d’art globale"), en recréant le cadre d’origine des collections et la profusion baroque de leur présentation. Le rez-de-chaussée sera consacré à la présentation des collections médiévales, avec notamment les fameuses cornes à boire à montures d’argent, les verres émaillés de Syrie et la coupe en quartz de la reine Hedwige.
Pour la première fois, les pièces du XIXe siècle seront exposées, parmi lesquelles des dessins et des plans de l’architecte Gottfried Semper, ainsi qu’une des pièces d’argenterie du Hofsilberkammer, également détruit durant les bombardements. La plupart des objets qui s’y trouvaient ont été saisis par l’Armée Rouge et se trouvent encore en ex-Union Soviétique.
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Le joyau de Dresde bientôt reconstruit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°20 du 1 décembre 1995, avec le titre suivant : Le joyau de Dresde bientôt reconstruit