SHANGHAÏ / CHINE
Après l’avortement d’un projet d’antenne à Hongkong, l’institution a choisi la ville chinoise la plus branchée. Elle y ouvrira un musée dès 2007.
SHANGHAI - « Alors, la Chine ? », interrogeait en 2003 une exposition organisée au Centre Pompidou, à Paris. Dès lors, Beaubourg n’avait cessé de lorgner sur Hongkong pour la création d’une bouture dans le West Kowloon Cultural District (lire le JdA no 227, 16 décembre 2005, p. 6). Depuis l’avortement de ce projet en février dernier, le centre a reporté ses ardeurs sur la Chine continentale. Un accord de principe pour la création d’une antenne vient d’être noué avec le district de Luwan à Shanghai. Cette entente sera ratifiée à la fin du mois d’octobre lors du voyage du président Jacques Chirac en Chine.
Pourquoi Shanghai plutôt que Pékin, réputée comme pôle artistique du pays ? « Shanghai se transforme à une vitesse exponentielle, observe Bruno Racine, président du Centre Pompidou. C’est une mégapole qui atteindra 20 à 30 millions d’habitants. On ne peut pas limiter la ville à son seul port commercial. Dans un délai de quelques années, elle sera également puissante sur le plan culturel. On disait aussi de New York que ce n’était qu’un port, que les artistes étaient à Boston… » Le Centre Pompidou a néanmoins étudié simultanément des possibilités d’ancrage à Pékin, mais les lieux proposés se sont révélés excentrés. Après avoir visité deux autres sites à Shanghai, dont un ancien théâtre, le choix s’est porté en avril sur un périmètre situé dans l’ancienne concession française, à quelques encablures de la place du Peuple, siège de l’actuel Musée de Shanghai.
Essaimage en Asie ?
La future institution se composera d’un bâtiment classé à réhabiliter d’une surface d’environ 4 000 m2, et d’une extension à construire de 6 000 m2. L’inauguration de ce complexe s’effectuera en deux temps, l’aménagement du bâtiment existant étant prévu pour la fin de l’année 2007 et l’ouverture de l’extension aux alentours de 2009. L’architecte et l’aménageur seront choisis de manière concertée par la municipalité, propriétaire du site, et le Centre Pompidou. « On inverse les choses par rapport au schéma de Hongkong, où le gouvernement mettait en concurrence des aménageurs qui avaient une option culturelle dans leur offre, explique Bruno Racine. L’aménageur était alors l’intermédiaire entre les autorités locales et les institutions culturelles. Là, il s’agit d’un accord direct entre la municipalité et Beaubourg. » Les travaux seront financés par l’aménageur du district, le budget de fonctionnement du futur musée dépendant de l’architecture générale. « Le centre ne fera pas de bénéfices, mais l’intégralité de ses coûts seront couverts », affirme Bruno Racine.
Quant au contenu, la programmation émanera uniquement du Centre Pompidou. La municipalité risque toutefois de faire valoir son droit de veto… Il n’est pas improbable que le Centre Pompidou-Shanghai se dote à long terme d’une collection propre, enrichie au fil des ans dans un esprit de passerelle entre l’Est et l’Ouest. Quoi qu’il en soit, la dominante d’une telle collection serait nécessairement asiatique (1).
Cette antenne constitue-t-elle le premier chaînon d’un essaimage dans toute l’Asie ? « À ce stade, il ne serait pas raisonnable de l’envisager, car notre engagement sur ce site est fort, précise Bruno Racine. En revanche, la programmation faite pour Shanghai pourra circuler, rayonner de sorte que la ville devienne le pôle principal d’un réseau. »
(1) Le Musée national d’art moderne possède déjà 650 œuvres d’artistes asiatiques.
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Le Centre Pompidou s’installe à Shanghai
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°244 du 6 octobre 2006, avec le titre suivant : Le Centre Pompidou s’installe à Shanghai