NEW YORK / ETATS-UNIS
L’ex-directrice du Queens Museum est mise en cause dans un rapport l’accusant d’avoir manipulé le conseil d’administration du musée.
« Je n’ai jamais tenté de manipuler le conseil d’administration », assure Laura Raicovich, ex-directrice du Queens Museum, qui affirme par ailleurs que sa décision de démissionner en janvier dernier était « entièrement la [sienne] ». La publication d’un rapport le 13 février a jeté un flou sur les raisons de son départ, l’accusant d’avoir sciemment « mal dirigé » le conseil d’administration du musée et « manqué aux exigences inhérentes à son poste ». En conséquence, le musée aurait montré la porte à Laura Raicovich et à son adjoint, David Strauss.
Le rapport, rédigé par un cabinet d’avocats new-yorkais, a été commandé par le Queens Museum après la polémique provoquée par un évènement lié au 70e anniversaire de l’état d’Israël. En juin 2017, la mission permanente d’Israël auprès de l’ONU demande la location des locaux du musée, où s’est tenu en 1947 le vote de l’Assemblée générale visant à diviser la Palestine. Le Queens Museum refuse dans un premier temps d’accueillir l’évènement, provoquant une tempête médiatique. Accusé d’antisémitisme, l’institution revient sur sa décision au mois d’août. « Pour comprendre ce qui a mené à cette situation et éviter qu’elle ne se reproduise à l’avenir », selon le rapport, le musée a lancé l’enquête au mois d’octobre.
Selon les conclusions des enquêteurs, qui se font fort d’avoir examiné « plus de 6 000 emails du musée et [mené] plus de 20 entretiens », cette dernière aurait caché au conseil d’administration son implication dans un livre, Assuming Boycott paru en avril 2017, qui se revendique du mouvement anti-Israël « Boycott, désinvestissement et sanctions », dit « BDS ». Elle aurait également rémunéré l’un des auteurs avec les fonds du musée et placé l’ouvrage dans la boutique de souvenirs du Queens Museum.
Laura Raicovich « a tout de suite montré des signes d’hostilité concernant l’accueil de l’évènement, avant même de consulter le conseil d’administration. Avec l’aide de David Strauss, elle a ensuite cherché des motifs pour que le conseil refuse la location », conclut le document. « Cette enquête était comme un nuage noir qui planait au-dessus des nombreux succès conséquents que nous avons accomplis pendant mon mandat », regrette Laura Raicovich.
« J’ai affronté des résistances »
« Le rapport illustre une fois de plus nos divergences avec le conseil d’administration et les raisons qui m’ont poussées à démissionner », déplore l’intéressée. « Après avoir beaucoup et longuement réfléchi sur tout ce que j’avais accompli ces trois dernières années, j’ai conclu que mes objectifs et ceux du conseil n’étaient plus suffisamment en phase pour que je reste ». Elle précise : « J’ai affronté des résistances lorsque j’ai décidé de fermer le musée pour un jour, par solidarité avec la grève générale du J20 [une grève massive du monde des arts contre Donald Trump, organisée le 20 janvier 2017, jour de son investiture, ndlr] ». Autre désaccord avec les actionnaires du musée, dont près de 5% des employés sont des « Dreamers » : la protection des immigrés.
« J’ai aussi affronté des résistances dans l’exploration de ce que ‘l’espace artistique sanctuaire’ [un mouvement de protestation contre la politique discriminatoire de Donald Trump, ndlr] pourrait signifier pour le musée. En particulier compte-tenu de son engagement de long-terme auprès des communautés d’immigrés vivant autour du musée », poursuit Laura Raicovich, qui s’investit désormais dans la nouvelle exposition de l’artiste activiste Mel Chin, attendue au printemps. Une exposition qui sera présentée, entre autres, au Queens Museum.
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Laura Raicovich se défend d’avoir « mal dirigé » le Queens Museum
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