Avec un bâtiment consacré à l’art contemporain, les collections nantaises se dévoilent enfin dans toute leur richesse et le programme de réouverture s’en fait l’écho.
L’art contemporain apparaît comme un fil rouge de la programmation de réouverture. Longtemps, faute de place, l’accrochage du musée n’a pas rendu justice à la richesse des collections depuis 1960. Paradoxalement, dans la deuxième moitié du XXe siècle, le musée a continué d’acquérir les œuvres d’artistes contemporains, émergeants ou confirmés.
La programmation de réouverture fait la part belle à la commande artistique. Entre l’œuvre envoûtante de l’Allemande Susanna Fritscher, qui accueille le visiteur dans le patio du musée et une installation vidéo de Bill Viola abritée dans la chapelle de l’Oratoire, le parcours débute et finit sur des propositions d’artistes contemporains pour le musée. Nantes Triptych de Bill Viola est une œuvre commandée pour l’Oratoire en 1992 sous l’impulsion d’Henry-Claude Cousseau, alors directeur du musée et n’avait plus été présentée depuis sa création.
Entre les deux installations, le Cube présente sur trois niveaux thématiques les œuvres du musées, augmentées de dépôts du Fonds national d’art contemporain (Fnac) et du Fonds régional d’art contemporain (Frac) Pays de la Loire, avec lequel le musée nantais entretient des relations historiquement fortes. Dans des plateaux modulables et ouverts, l’accrochage est appelé à évoluer tout comme les thématiques choisies : abstraction, mémoire et territoires. L’abstraction fait dialoguer des monochromes de Geneviève Asse avec un triptyque de Bernard Piffaretti récemment acquis par le musée, et une œuvre rare d’Anish Kapoor, 1 000 names, en dépôt du Frac.
Volontairement détachée d’un parcours d’histoire de l’art, la conservatrice Alice Fleury a conçu un accrochage très politique autour de la thématique des territoires. Clin d’œil à l’art ancien, une Vue de Naples du XVIIIe siècle cueille le visiteur à l’entrée de la salle, faisant écho au principe de transversalité qui prévaut maintenant dans les expositions permanentes du musée. Le choix de cette thématique globale fait se télescoper Raymond Hains, Jacques Villeglé, Philippe Cognée, Per Kirkeby, Giuseppe Penone, de la nature à l’environnement urbain, pour finir par la géopolitique contemporaine avec l’appropriation par les artistes des questions de territoire. Cet accrochage, parfois trop rapide et dense, va demander un grand travail de médiation.
De la salle, on devine derrière une balustrade une femme de dos, assise sur une chaise pliante, faisant face à la rue arrière du musée. La Flea Market Lady de Duane Hanson, acquise en 2011 pour 200 000 euros, invite le passant à s’arrêter depuis la rue devant sa vitrine. Cette irruption de l’art dans l’espace de la rue casse le caractère introverti du Cube et amène une certaine légèreté au propos. En façade du bâtiment historique, un autre surgissement : l’artiste Dominique Blais pose dans une vitrine un dispositif cinétique, sorte de gyroscope aux couleurs changeantes. Le passant est prévenu : à Nantes, l’art contemporain a tous les honneurs.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’art contemporain retrouve les honneurs
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°482 du 23 juin 2017, avec le titre suivant : L’art contemporain retrouve les honneurs