Ville haute à l’image du dernier geste architectural en date, le Marina Bay Sands, Singapour n’en a pas pour autant oublié son urbanisme qui fait se côtoyer les cultures et les époques...
On imagine débarquer dans une cité construite ex nihilo, truffée de gratte-ciel, et puis patatras. Exit les clichés ! Singapour n’est pas une métropole en hauteur, mais une cité mosaïque, à l’image de sa population – 74,1 % des habitants sont d’origine chinoise, 13,4 % des Malais et 9,2 % des Indiens.
L’urbanisme, lui, a digéré cette diversité. Au nord-est, on trouve un quartier indien et un quartier malais, au sud-ouest, l’inéluctable Chinatown. Ici, une tour toise un temple ou une mosquée. Là, un immeuble moderne jouxte une série de maisons basses. Seul le front de mer érigé sur des terrains neufs gagnés sur l’eau semble conserver une relative unité, déployant sa collection de gratte-ciel droits dans leurs bottes.
Ailleurs, le mélange est total. Et pourtant, rien de suffoquant. La ville a su ménager de vraies respirations grâce, notamment, à une végétation luxuriante, telles ces rues ponctuées de splendides Rain Trees (« arbres à pluie »). Sans oublier le jardin botanique, oasis de calme agrémentée d’un étang au milieu duquel est planté le Symphony Stage, un kiosque à musique très prisé des Singapouriens qui viennent assister au concert dominical.
Des temples au milieu de gestes architecturaux contemporains
À Singapour, différentes époques de l’histoire architecturale se télescopent à l’envi. Facétie de la chronologie urbaine, c’est dans le quartier chinois de Chinatown, à l’angle de South Bridge Road et de Pagoda Street, qu’est implanté le plus ancien temple… hindou, Sri Mariamman Temple, datant de 1827. La période coloniale anglaise, elle, a légué quantité de majestueux bâtiments publics accueillant aujourd’hui des institutions officielles, tels l’Asian Civilisations Museum et le National Museum of Singapore, mais aussi les superbes villas Black and White, dont celle où est actuellement installée l’Ambassade de France, sur Cluny Park Road, en lisière du jardin botanique.
Où que l’on se trouve dans la ville, il est un modèle omniprésent : le grand ensemble de logements collectifs, les fameux HDB, lancés à partir des années 1960 par un organisme public, The Housing and Development Board. Ceux-ci logent aujourd’hui 85 % des Singapouriens, tous propriétaires pour une durée de 99 ans. On ne peut les rater, d’autant qu’une coutume consiste à faire sécher le linge à la fenêtre, sur des bambous. On dirait autant de bannières hissées vers le ciel.
Déambuler dans Singapour réserve de multiples surprises, tels le Durian, un édifice posé sur Esplanade Park qui héberge théâtres et salles de concert et dont la forme évoque le fruit à la peau hérissée de piquants et au goût et à l’odeur très particuliers. Ou le Parkview Square, entre North Bridge Road et Beach Road, un bâtiment dans le plus pur style Art déco new-yorkais, qui fait illico passer Singapour pour Gotham City. D’aucuns décèleront des réalisations de I. M. Pei, Norman Foster, Richard Meier ou Paul Rudolph, dont cet étonnant « condominium », sur Grange Road, ou ce monolithe futuriste, sur Beach Road.
Planté sur le front de mer, l’un des derniers « signaux » contemporains a été inauguré en juin : le Marina Bay Sands, une série de trois tours de cinquante-cinq étages – dont un hôtel de 2 560 chambres – reliées au sommet par une immense terrasse au porte-à-faux vertigineux et dotée d’une piscine à débordement de… 150 mètres de long. L’esthétique, signée par l’architecte israélien Moshe Safdie, n’offre pas de réel intérêt, si ce n’est la vue spectaculaire et panoramique depuis cette terrasse quasi en lévitation à 200 mètres de haut. La nuit, côté mer, scintille une myriade de lumières comme des lucioles : non plus les traditionnels sampans, mais les gigantesques cargos de l’océan global.
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L’architecture singapourienne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°629 du 1 novembre 2010, avec le titre suivant : L’architecture singapourienne