Magnifique demeure du début du XIXe siècle située au cœur de Londres, Lancaster House pourrait prochainement être ouverte au public sous la pression de l’English Heritage, qui en dénonce l’utilisation faite par le Foreign Office.
LONDRES (de notre correspondant). Le directeur de l’English Heritage accuse le Foreign Office de réduire Lancaster House à une facilité accordée aux ministres pour y organiser gratuitement leurs dîners privés, alors que ceux-ci disposent de leurs clubs tous proches dans St James. L’amertume de Jocelyn Stevens est due pour une large part au fait que, l’an dernier, l’English Heritage s’était vu préférer le Foreign Office pour l’administration de cette demeure historique. Peu de temps auparavant, l’English Heritage avait pourtant mis au point un projet prévoyant l’ouverture du bâtiment au public. Celui-ci aurait également pu être loué pour diverses manifestations (mariages, séminaires…), tout en réservant un droit d’accès prioritaire au gouvernement. Au lieu de cela, Lancaster House a été attribuée au Foreign Office afin qu’il y organise ses réceptions et ses conférences. Vingt mille personnes y ont été accueillies en 1996, au cours de quelque 400 réceptions qui ont coûté un total d’environ 1,7 million de livres sterling (15 millions de francs) au contribuable.
Le Guerchin et Véronèse
Lancaster House, qui jouxte St James’s Palace, a été reconstruite dans les années 1820 pour le duc d’York, frère de George IV, puis cédée en 1830 au marquis de Stafford, fait duc de Sutherland peu après. La splendeur de Lancaster House la classe parmi les plus beaux intérieurs de Londres. Rendant visite à la seconde duchesse de Sutherland, la reine Victoria aurait dit à son hôtesse : " Ma chère, j’ai quitté ma maison pour venir dans votre palais". L’hôtel fut vendu en 1912 à l’industriel Sir William Lever, futur Lord Leverhulme, qui en fit don à la nation l’année suivante. Il a servi depuis à héberger divers services du gouvernement et a abrité le London Museum jusqu’en 1946. Lancaster House était administrée par le département de l’Environnement jusqu’au mois de septembre 1996, date à laquelle sa gestion a été confiée au Foreign Office.
La demeure recèle bon nombre des trésors cachés de Londres, même si la collection des ducs de Sutherland a quitté les lieux depuis longtemps. La Grande galerie abrite un plafond peint du Guerchin, L’Apothéose de saint Crisogone, et l’on peut voirdans l’antichambre voisine Cupidon recevant une pomme des Grâces, par Véronèse. L’ouverture éventuelle de Lancaster House au public pourrait faire l’objet d’une annonce du Foreign Office au cours des prochaines semaines, sous réserve que les problèmes de sécurité liés à cette décision soient résolus.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Lancaster House bientôt ouverte ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Lancaster House bientôt ouverte ?