BERLIN / ALLEMAGNE
Les masques ont été traités dans le passé avec un pesticide qui pourrait être dangereux pour la santé.
Deux masques sacrés, datant du XVe siècle et fabriqués par le peuple autochtone Kogi, ont été remis au président colombien Gustavo Petro par son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, lors d’une cérémonie de restitution à Berlin.
Problème. Les masques qui ont été conservés depuis plus d’un siècle dans les collections du Musée ethnologique de Berlin, présentent des risques pour la santé, révèle le Guardian, à cause de leur conservation avec des pesticides. Les deux masques ont été traités dans les années 1940 et 1950 avec le pesticide 1,4-dichlorobenzène, interdit depuis 2008 par l’Union européenne en raison de son caractère cancérigène et de ses liens avec des problèmes respiratoires. Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine culturel de Prusse, a exprimé des doutes quant à la possibilité de les porter directement sur le visage sans provoquer de risques, tandis que Stefan Simon, directeur du laboratoire de recherche Rathgen, a ajouté que « de tels objets ne sont jamais vraiment inoffensifs après avoir été traités avec ces produits chimiques. »
Arregocés Conchacala Zalabata, le représentant du peuple Kogi, a indiqué au Guardian que sa communauté n’a jamais été informée des risques liés aux pesticides. Il précise que « les [masques] Kalguakala sont d’une grande importance pour nous, car ils sont sacrés. Ils ne sont pas un artefact historique, ils sont vivants. Avec les masques, nous effectuons des cérémonies pour nous connecter et travailler avec l’esprit du soleil, les eaux, les montagnes et les nombreuses espèces du monde ». La communauté Kogi prévoit de continuer à utiliser les masques une fois qu’ils seront restitués.
Les masques Kogi ont été légalement achetés en 1915 par Konrad Theodor Preuss (1869-1938), ethnologue et conservateur du Musée royal d’ethnologie (actuel Musée ethnologique de Berlin), lors d’un voyage de recherche en Colombie, au cours duquel il a acquis plus de 700 objets. Selon l’autorité des musées de la capitale allemande, Preuss n’était pas au courant de l’âge des masques ni du fait qu’ils n’étaient pas vendables. Les masques étaient utilisés lors de rituels du temple et n’étaient censés être manipulés que par les prêtres Kogi.
Hermann Parzinger indique que si l’acquisition des masques Kogi « n’était pas tout à fait correcte » puisqu’ils n’étaient pas destinés à la vente, ils n’ont pour autant pas été « volés dans un contexte violent » et la Colombie était déjà considérée comme un pays indépendant à l’époque. « Mais il y a un autre aspect dans cette discussion sur les contextes coloniaux, et ce sont les droits des peuples autochtones », nuance-t-il, soulignant une résolution de l’ONU de 2007 stipulant que les artefacts d’importance spirituelle et culturelle pour les groupes autochtones devraient être restitués.
« Cette restitution fait partie d’une refonte de la façon dont nous traitons notre passé colonial, un processus qui a commencé dans de nombreux pays européens », déclare Franck-Walter Steinmeier. L’année dernière, l’Allemagne a accepté de restituer plus de 1 000 objets au Nigeria, pillé par des soldats britanniques en 1897.
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L’Allemagne restitue deux masques à la Colombie. Problème, ils sont empoisonnés
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