PARIS
Après six mois de polémique, le Sénat a choisi la Réunion des musées nationaux (RMN) pour gérer le Musée du Luxembourg, à Paris. Ce dernier accueillera, dès janvier prochain, une exposition « Cranach ». La RMN reprend le flambeau qu’elle avait laissé il y a dix ans à SVO Art, évincé en février dernier.
PARIS - Selon Gérard Larcher, président du Sénat, la décision a été prise à l’unanimité du bureau du Sénat le 23 juin, conformément à une décision validée le 16 juin par le conseil de questure du Sénat. La Réunion des musées nationaux (RMN) fait donc son grand retour au Musée du Luxembourg, à Paris, après dix années d’éclipse qui avaient permis à un opérateur privé, SVO Art, animé par Sylvestre Verger, de s’installer dans la place et d’y développer une programmation avec un réel succès de fréquentation. L’établissement public a remporté l’appel d’offres lancé par le Sénat et gérera désormais en délégation de service du public (DSP) le site.
Le musée était fermé depuis février après l’éviction de SVO Art – dont le personnel sera repris par la RMN – avant l’échéance de son contrat. Un contentieux engagé par Sylvestre Verger contre le Sénat court toujours, sur la base d’une demande d’indemnisation pour la rupture de son contrat. « Le Sénat a refusé de transiger à l’amiable, car il estime qu’il n’a aucun tort », a souligné le questeur René Garrec lors d’une conférence de presse. Pourquoi le Sénat a-t-il retenu la RMN, qui restait en lice dans une short list face à Culturespaces (Groupe Suez), qui gère notamment le Musée Jacquemart-André, et la Compagnie des Alpes, une filiale de la Caisse des dépôts et consignations ciblant davantage les domaines skiables et les parcs d’attraction ? « Parce que la politique culturelle et scientifique proposée par la RMN correspondait au cahier des charges du Sénat », s’est contenté de préciser Gérard Larcher. La signature de la DSP, d’une durée de huit ans, devrait avoir lieu dans le courant du mois de juillet pour une relance de la programmation dès février 2011, avec une exposition consacrée aux Cranach, peintres allemands des XVe et XVIe siècles.
Pour la RMN, cette victoire a un goût plus qu’appréciable. « Nous avons compris que la demande du Sénat portait sur une gestion transparente et un projet culturel ambitieux », nous a précisé Thomas Grenon, administrateur général de la RMN. Conforté dans sa gestion par un rapport récent de la Cour des comptes, l’établissement public, qui a failli disparaître après une période de déficit chronique, semble aujourd’hui prêt à affronter la mise en concurrence de ses activités. Récupérer ces 500 mètres carrés de surface d’exposition à forte notoriété – soit un calibrage différent de celui des Galeries nationales du Grand Palais – lui permet d’ores et déjà de gagner des points. « La mise en concurrence de nos activités est un véritable défi stratégique, confirme Thomas Grenon. Il nous faut fidéliser nos clients mais aussi nous développer. » Pour séduire le Sénat, la RMN s’est efforcée de vanter ses atouts d’opérateur public : mise en réseau international, itinérance des expositions (un vecteur lucratif), mais aussi politique des publics et tarifs plus calibrés.
Transparence limitée
La RMN a également opté pour la modestie et créera une filiale sur place, chargée de la gestion quotidienne et dotée d’un logo spécifique respectant l’identité du lieu. Pas question, en somme, d’accrocher le sigle RMN sur les grilles du palais du Luxembourg. Elle a également accepté la mise en place d’un comité de programmation constitué de représentants du Sénat et du délégataire, mais aussi de personnalités qualifiées, susceptibles de s’opposer (au moins en théorie) aux choix de programmation. Mais l’établissement s’est surtout engagé à investir deux millions d’euros sur ses fonds propres pour moderniser les espaces d’accueil – les tentes seront relookées par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines – et renforcer la sécurité. Les termes de la tractation financière entre la RMN et le Sénat restent toutefois auréolés de mystère. « L’objectif du Sénat n’est pas de gagner de l’argent, a indiqué René Garrec. La plupart des candidats ont d’ailleurs proposé de payer plus que nous ne voulions. » Le taux de la redevance reversée par la RMN au Sénat n’a pas été précisé par l’entourage du président du Sénat, qui a géré directement ce dossier sans même consulter la commission des affaires culturelles. La transparence a manifestement ses limites.
La communication tapageuse orchestrée autour de la remise de son rapport sur l’avenir du Grand Palais (Paris), en avril dernier, n’aura pas eu les effets escomptés. C’est par une lettre du ministre de la Culture en date du 23 juin que Jean-Paul Cluzel, président du Grand Palais et de la Réunion des musées nationaux (RMN), s’est vu dicter sa feuille de route pour les mois à venir. La tâche principale sera bien de mener la fusion des deux structures, Grand Palais et RMN, en un seul établissement public à caractère industriel et commercial, qui devra être effective au 1er janvier 2011. En revanche, les grands travaux que Jean-Paul Cluzel appelait de ses vœux pour le bâtiment sont reportés sine die, ou plutôt après des études complémentaires – financées sur les ressources propres du Grand Palais ! –, « préalables à la décision des pouvoirs publics dans le contexte budgétaire délicat actuel ». La gestion des musées sous statut SCN (services à compétence nationale) par la RMN semble également écartée au profit d’un « nouveau mode de collaboration ».
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La Réunion des musées nationaux revient au Luxembourg
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°329 du 9 juillet 2010, avec le titre suivant : La Réunion des musées nationaux revient au Luxembourg