La galerie montrougienne inclut dans son offre culturelle sa Cantine écoresponsable avec ses plats aux saveurs métissées.
La Mairie de Montrouge avait lancé un appel d’offres pour cet ancien atelier des jardiniers de la ville en déshérence. Le projet culturel hybride d’Henri van Melle et Adrien van Melle-Nchama, associés à l’artiste et académicien Fabrice Hyber, a été choisi et s’est réalisé en 2021. Les travaux importants (plus d’un demi-million d’euros) ont conservé l’esthétique brute du lieu – murs en briques et sol en ciment – tout en ménageant deux volumes distincts, clairs et agréables. La Cantine des Jardiniers, consacrée à la restauration, déborde en terrasse sur le trottoir. Meublée de chaises et de tables d’écolier vintage avec un vaste tableau noir pour la carte du jour, elle est délimitée d’un côté par les fenêtres sur rue, de l’autre, par le bar et la cuisine. Dans le fond du bâtiment, un espace est dévolu aux expositions.
Cuisine zéro déchet, produits locaux, agriculture urbaine : sur le papier, les engagements de la Cantine sont en adéquation avec une forte préoccupation écoresponsable. Les revenus engendrés par le bar et le restaurant ont également vocation à financer en partie ce lieu associatif, selon un modèle vertueux de centre d’art autonome. La carte décline une cuisine généreuse et gourmande qui pioche dans différentes cultures : shakshuka d’Afrique du Nord (poêlée de poivrons, tomates, ail et oignons surmontée d’un œuf miroir), effiloché de bœuf à l’américaine, ou burger italien à la stracciatella fumée, roquette, tomate et mayonnaise truffée. La fraîcheur est de mise, comme pour ce délicieux sablé de parmesan garni de tomates cerises acidulées nappé d’un cœur de burrata crémeux. Brioche perdue à la fleur d’oranger, tiramisu pistaché, gâteau ultra-moelleux aux agrumes et autres douceurs : la cantine reste ouverte tout l’après-midi pour un thé et jusqu’au soir, trois fois par semaine, façon cave à manger, avec une offre de tapas (houmous d’avocat, œuf mayonnaise maison, rolls végétariens…) et une jolie sélection de sirops et de vins nature.
À l’origine des Jardiniers, il y a un pari et une passion pour l’art qui se donne à partager. En témoigne la photo en noir et blanc de la place Saint-Marc recouverte de papier froissé. En 1976, pendant la Biennale de Venise, l’artiste conceptuel Ha Schult a réalisé de nuit cette installation (Venezia vive), métaphore de la surconsommation et du désastre annoncé. Henri van Melle visitait la Cité des Doges avec sa mère et a découvert, enfant, l’art contemporain avec cette œuvre monumentale éphémère. Bien des années plus tard, il a acheté le tirage argentique documentant cette performance, signé de la main de l’artiste précurseur, disparu depuis des radars. L’image, issue de sa collection, ouvre l’exposition collective en cours, qui mérite amplement le détour.
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La nouvelle vie rêvée des jardiniers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°777 du 1 juillet 2024, avec le titre suivant : La nouvelle vie rêvée des jardiniers