Le tableau de Vermeer constitue un véritable filon pour la Mauristhuis qui vient de rouvrir au public.
La Haye - Emilie Gordenker, la directrice de la Mauritshuis, à La Haye, ne veut pas communiquer de chiffres (lire le JdA no 409, 14 mars 2014), mais on devine que la « tournée mondiale » de La Jeune Fille à la perle (1665), de Vermeer, en compagnie d’autres tableaux de la collection du Cabinet royal de peintures, a rapporté beaucoup d’argent. Suffisamment pour boucler le tour de table des 30 millions d’euros nécessaires à la rénovation et extension du musée privé, un projet auquel s’est associée la compagnie pétrolière Shell, qui, en échange de 3 millions d’euros, a donné son nom à une nouvelle aile.
Cette aile, logée dans un bâtiment Art déco de l’autre côté de la rue, est reliée astucieusement au bâtiment historique XVIIe par un accueil souterrain. Contrairement au Louvre qui a inspiré l’architecte, nul édifice spectaculaire ne signale l’entrée, et on a l’impression de descendre dans une bouche de métro. « Nous avons presque doublé la surface, passant de 3 400 m² à 6 400 m² », lance la directrice. Mais mise à part la création d’un espace, restreint, pour les expositions temporaires, les nouvelles surfaces sont dévolues aux services attendus dans un musée moderne : restaurant, salle pédagogique, boutique, bibliothèque. De sorte que la surface allouée aux collections permanentes, de l’ordre de 1 500 m², ce qui est faible pour un musée d’une envergure internationale, augmente peu. Cette inversion dans la hiérarchie des espaces, très caractéristique des entreprises culturelles que sont devenus aujourd’hui certains musées, laisse perplexe. Mais si la Mauritshuis s’engage dans cette voie, c’est que sa collection de tableaux du siècle d’or hollandais est de grande qualité, et qu’elle attire autant les visiteurs lors de ses tournées (2,2 millions) que dans son port d’attache. Elle compte plusieurs œuvres célèbres telles La Vue de Delft de Vermeer ou La Leçon d’anatomie de Rembrandt pour lesquelles se déplacent chaque année plus de 150 000 visiteurs étrangers.
L’accrochage a été peu modifié dans le palais de Johan Maurits (1604-1679), qui bénéficie de nouvelles fenêtres, tentures et climatisation. Les tableaux, souvent de petit ou moyen format, sont parfois accrochés bord à bord comme dans les cabinets de curiosité. La star des lieux, La Jeune Fille à la perle, ne bénéficie pas du même traitement de faveur que La Joconde au Louvre. Cette absence de mise en scène et la cohérence de l’accrochage font tout le charme de lieux situés à 3 heures 20 de Paris par le train, porte à porte. Malgré une jauge de sécurité généreuse portée à 1 000 visiteurs, Emilie Gordenker ne souhaite pas augmenter outre mesure la fréquentation et vise 300 000 personnes par an ( 15 %). Elle tient à « soigner le confort des visiteurs ». Un confort un peu cher tout de même pour 250 tableaux : 14 euros.
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La Haye - Une jeune fille en or
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : La Haye - Une jeune fille en or