La prestigieuse galerie Tretiakov, le plus grand musée d’art russe, dont la reconstruction et la réparation ont duré plus de 10 ans, rouvrira le 4 septembre, la décision a été prise par le maire de Moscou.
MOSCOU - La galerie Tretiakov fut fondée en 1880 par un riche marchand moscovite, Pavel Mikaïlovitch Tretiakov, qui fit construire le bâtiment actuel pour abriter ses collections d’icônes, de tableaux russes d’art ancien et contemporain, et d’œuvres d’art européennes.
Le musée fut offert par Tretiakov à la ville de Moscou en 1892. Les collections de la galerie Tretiakov se sont depuis enrichies de nombreuses donations, du transfert de la collection d’icônes du peintre Ostrooukhov et d’œuvres de collections nationalisées en 1918 – dont une collection exceptionnelle d’icônes saisies dans les églises et les monastères – de toiles des peintres de l’avant-garde russe du début du XXe siècle et de nombreuses toiles d’art réaliste de la période soviétique. Mais aujourd’hui, le musée convient mal pour la présentation d’œuvres d’art contemporain. La galerie possède actuellement dans ses réserves plus de cent mille œuvres.
Bataille politique
La réouverture du musée relève de considérations plus politiques que culturelles. Pendant la restauration de l’ancien bâtiment du musée et la construction des nouveaux édifices, le musée a été l’objet d’une bataille démagogique entre hommes politiques de diverses tendances – les nationalistes déclarant : "le monument national sacré a été abandonné, des générations entières ont grandi sans voir les chefs-d’œuvre de l’art russe du XIXe siècle", et les radicaux : "nous n’avons pas besoin d’une nécropole mais d’un musée vivant de l’art contemporain".
Les hommes politiques ont eux aussi utilisé la galerie Tretiakov : tantôt Boris Eltsine visite le chantier et promet de donner plusieurs millions de dollars pour les travaux, tantôt Youri Loujkov, maire de Moscou, assiste au service religieux en l’honneur du centenaire du musée et annonce aux journalistes que désormais, il contrôlera personnellement tous les travaux.
Le musée, pendant sa fermeture, a continué à organiser des expositions en Russie et à l’étranger, a présenté une partie de ses collections – dont sa collection d’art d’avant-garde, invisible auparavant –, dans la nouvelle Galerie nationale près du pont de Crimée, et a fait quelques nouvelles acquisitions. Cette activité s’est déroulée au milieu de controverses. Le fonds de la Galerie Tretiakov, riche de collections d’art russe ancien et d’art réaliste soviétique, est pauvre en œuvres de peintres contemporains, qui entrent rarement et fortuitement dans ses réserves.
Mais le programme d’enrichissement des collections de la galerie, devenue Musée national d’État, n’a jamais été déterminé par des critères purement artistiques ; il a toujours été inclus dans le système idéologique de l’État soviétique, et dépendu de la politique culturelle du gouvernement, reflétant les tendances idéologiques du moment. Les œuvres acquises ces dernières années n’ont pas été choisies dans le cadre d’un programme scientifique déterminé, ou en vue d’une exposition, mais reflètent la politique actuelle du ministère de la Culture.
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La galerie Tretiakov rouvre en septembre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : La galerie Tretiakov rouvre en septembre