Klee et Melotti rencontre inédite

Entre les quelques soixante-dix peintures et dessins du maître suisse et quatre-vingts sculptures de l’artiste italien se produit en effet une osmose étonnante. L’exposition se déroule en entrées thématiques, des « Origines » aux « Abstractions et géométries », de « Rythmes musicaux » en « Partitions », imaginant des « Paysages rythmiques », des « Alphabets » jusqu’à une « Zoologie fantastique ». Ces deux-là se complètent à merveille, se répondent avec une surprenante familiarité plastique. Klee jouait du violon, Melotti, du piano, ceci explique certainement cela, voici en substance ce que postule l’institution de Lugano dont l’angle moteur est la musique, plus processus que motif.

Ainsi, en regardant le dessin aquarellé que Paul Klee réalisa en 1925 d’Une ville à la cathédrale gothique mis en perspective avec la sculpture gracile en cuivre de Melotti intitulée Les Flèches (1970), s’amorce comme une improvisation à la manière du jazz, un jeu de phrases, de rythmes et de cadences qui s’entendent et se relancent. La sculpture de Melotti, composée de lignes métalliques, d’une spatialisation comme une trame, répond de la même stratégie de trait structurant que celle de Klee.

De ce côté-ci des Alpes, on ne connaît pas aussi bien le corpus du sculpteur italien qui commença sa carrière dans les années 1930 aux côtés d’architectes et de designers comme Gio Ponti, avec lequel il collabora. Lucio Fontana fut aussi un de ses partenaires de création. En 1937, Melotti rencontra Kandinsky à Paris à l’occasion de l’Exposition universelle. Ne manquait que Paul Klee, mais celui-ci mourut en 1940. Avec l’éclairage qu’apporte cette exposition, on peut imaginer qu’ils auraient eu beaucoup à se dire.