En Suisse, le bénévolat et les associations des Amis de musée sont moins développés que dans d’autres pays, à l’exception du Musée de la Croix Rouge et du Croissant Rouge de Genève.
GENÈVE - Selon une tradition séculaire, la Suisse voue une passion particulière aux associations, amicales, et autres confraternités. Pourtant, les musées semblent beaucoup moins bien lotis sur ce chapitre. Il est vrai qu’ils ont largement profité de la largesse des donateurs et ont ainsi pu accroître de manière très significative leurs collections, sans recourir à des associations d’entraide.
Toutefois, certaines sont très actives. La Société des beaux-arts de Berne a pour objet d’acquérir une œuvre à chacune des expositions d’art contemporain organisées à la Kunsthalle. À Genève, la Société des Amis du Musée d’art et d’histoire, qui compte mille deux cents membres, achète régulièrement des œuvres pour les différentes sections du musée.
Elle a ouvert, en 1986, une souscription pour l’acquisition d’une sculpture de Pradier, La Leda des artistes, à laquelle elle a contribué pour un montant de 110 000 francs suisses (environ 451 000 francs). Toujours à Genève, l’association "Hallas et Roma", forte de six cents membres, œuvre activement à l’enrichissement des collections d’antiquités du musée, et a en grande partie financé l’exposition "Art des peuples italiques".
Le bénévolat ne fait pas partie de la tradition muséale suisse. Dans la majeure partie des cas, l’état des finances des musées helvétiques est satisfaisant et ne nécessite pas un apport humain ou financier extérieur de ce type. En Suisse allemande, le bénévolat est presque totalement inexistant et le plus souvent exclu des statuts des musées. En Suisse romande, la situation est différente.
L’accueil du Musée de l’Ariana, à Genève, est assuré par soixante-dix bénévoles, et le Musée d’art et d’histoire compte une équipe de trente personnes. Dans tous les cas, les bénévoles ont un rôle passif. Ils n’accompagneront, par exemple, jamais de visites guidées et n’occuperont pas de postes de travail qui pourraient être destinés à un membre de l’administration.
Un seul musée en Suisse échappe à cette règle ; il s’agit du Musée de la Croix Rouge et du Croissant Rouge. Le bénévolat est un des fondements de la Croix Rouge, et cette organisation ne pourrait se permettre d’entretenir une structure muséale dilapidant des capitaux normalement destinés à ses opérations traditionnelles.
Avec un budget, dit de survie, de 2 100 000 francs suisses (environ 8 610 000 francs), il s’est avéré extrêmement difficile de faire fonctionner un musée technologiquement très développé sans le recours au bénévolat. L’équipe est composée de neuf salariés auxquels s’ajoute l’équivalent de six postes de travail destinés aux bénévoles. Ces derniers se répartissent ainsi : sept personnes aident à la conservation, principalement à l’enregistrement de données et aux classements de la bibliothèque, de l’audiovidéothèque et de la phototèque ; cinquante-cinq personnes s’occupent des visites guidées et de l’accueil, et deux autres des relations publiques.
Chaque nouveau bénévole doit étudier une série d’ouvrages sur la Croix Rouge et produire un travail écrit concernant une des activités passées de la Croix Rouge illustrées dans le musée ; enfin, une matinée par mois est consacrée à une réactualisation des connaissances des bénévoles.
La masse salariale économisée grâce au bénévolat dépasserait 450 000 francs suisses (environ 1 845 000 francs). Bien entendu, le Musée de la Croix Rouge a une association des Amis du musée, qui regroupe un peu moins de cinq cents membres. Le montant total des cotisations, en 1993, était de plus de 70 000 francs suisses (environ 287 000 francs), somme consacrée à l’animation, des cycles de conférence et des concerts principalement.
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Hors tradition
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Hors tradition