HAUTERIVES (DRÔME) [30.10.17] - Le château communal d’Hauterives, voisin du Palais idéal du Facteur Cheval, n’abritera pas le musée d’art brut dont rêvaient Bruno Decharme et Antoine de Galbert. La mairie, qui aurait dû être le maître d’ouvrage du projet, renonce.
La Drôme ne sera pas le « centre mondial de l’art brut ». Le projet de créer un musée d’art brut adossé au Palais idéal du Facteur Cheval, porté par le collectionneur Bruno Decharme et le président de la Maison Rouge, Antoine de Galbert, est tombé à l’eau fin octobre. Le conseil municipal d’Hauterives n’a pas souhaité donné suite. Il n’a pas voulu assurer le fonctionnement de ce musée qui aurait hérité, pendant vingt ans, de 4 500 pièces de la collection Abcd, un des plus beaux ensembles d’art brut au monde.
C’est la fin d’un rêve pour les instigateurs du projet mais aussi pour les principaux acteurs culturels du territoire. Pour le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes et le Conseil départemental de la Drôme notamment qui s’étaient engagés à contribuer à hauteur de 1,3 million d’euros pour le premier et de 800 000 euros pour le second à financer la rénovation du château communal qui aurait dû l’abriter. Les parties disposaient pourtant de 80 % des 3 millions d’euros nécessaires pour transformer l’édifice en musée. « Cela a coincé à cause du maire d’Hauterives. C’est pathétique. Tout cela est d’une médiocrité terrifiante », s’emporte Bruno Decharme.
La pierre d’achoppement ? Le financement du fonctionnement du musée par la commune. « Il faut arrêter de rêver, lance le maire d’Hauterives. Nous sommes une petite commune et nous avons encore de gros investissements à réaliser. Nous connaissons, comme toutes les communes, une baisse des dotations et nous voulons être prudents avec les finances communales. La commune ne peut pas assurer le fonctionnement d’un musée d’art brut qui attire un public de connaisseurs encore peu nombreux », plaide l’édile Florent Brunet. Avant de souligner qu’aucune « grande collectivité » n’a voulu prendre en charge une partie du budget de fonctionnement jugeant le pari « trop risqué ».
Des plans B et C
L’engagement pris par Antoine de Galbert, président de l’association des Amis du facteur Cheval, de financer, chaque année, à hauteur de 200 000 euros, le fonctionnement du musée, n’a pas suffi à rassurer le conseil municipal. « C’est dommage, nous allions faire d’Hauterives la capitale de l’art brut. Nous aurions pu donner un rayonnement supplémentaire à notre commune et contribuer à rendre plus attractifs nos territoires ruraux », déplore Emmanuelle Anthoine. L’ancienne adjointe au maire d’Hauterives, devenue, en juin dernier, députée de la Drôme dit respecter cette décision mais la regretter. Outre la garantie financière d’Antoine de Galbert, la commune aurait pu, ajoute-elle, en relevant d’un euro le prix du billet d’entrée au Palais idéal, encaisser 165 000 euros (le Palais idéal accueillerait en moyenne 120 à 160 000 visiteurs annuels) pour contribuer au financement du fonctionnement du musée. « On peut avoir Picasso dans son village et l’ignorer », peste Antoine de Galbert qui regrette que le conseil municipal, qui « n’a pas pris conscience de l’extraordinaire intérêt que suscite le Palais idéal au niveau national et international », n’ait eu ni la vision, ni le courage de se lancer.
Déçu mais pas anéanti, Bruno Decharme affirme avoir déjà, dans sa besace, des plans B et C : l’un en France et l’autre à l’étranger. « Je m’oriente vers quelque chose de beaucoup plus institutionnel. Un projet qui s’intégrerait dans une structure existante », explique le collectionneur. « Ce qui compte c’est que la collection soit conservée dans son intégralité et qu’elle ne risque pas d’être dispersée par la suite », conclut-il.
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Hauterives ne veut plus d’un musée d’art brut
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Consulter la biographie d'Antoine de Galbert
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Le château communal du XVIIe siècle situé à Hauterives dans la Drôme © Photo Gachepi - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0