Le Musée des beaux-arts de Caen s’enrichit d’un spectaculaire tableau sculpté en terre cuite émaillée grâce à un dépôt exceptionnel du Louvre.
Le Musée des beaux-arts de Caen s’enrichit d’un spectaculaire encadrement de retable en terre cuite émaillée de près de 3 m de hauteur. Il s’agit d’un remontage de trois éléments distincts assemblés au XIXe siècle : l’encadrement composé d’un tympan où figure Dieu le Père bénissant, surmontant deux pilastres décorés de guirlandes de fleurs et de fruits et une prédelle. De part et d’autre du retable disparu, trônent les sculptures en relief de saint François d’Assise et de saint Roch.
Acquis au XIXe siècle comme une création des Della Robbia, l’œuvre a depuis été réattribuée aux Buglioni. Nettement moins connu aujourd’hui, cet atelier a pourtant été le grand rival des Della Robbia à Florence. Leurs productions assez proches se distinguent toutefois par des traits stylistiques différents, notamment un traitement plus doux des visages chez Buglioni, mais aussi par leur palette chromatique. Les carnations sont par exemple laissées de la couleur de la terre et non émaillées.
À Caen, l’encadrement a pris ses quartiers dans la salle Renaissance face au Mariage de la Vierge du Pérugin. Un rapprochement qui fait d’autant plus sens que ces artistes étaient actifs au même moment à Florence et qu’ils ont travaillé sur le même chantier à la cathédrale de Pérouse. Dans son catalogue, Campana pointe d’ailleurs la ressemblance entre la sculpture de Dieu et des tableaux du Pérugin. Cette confrontation souligne l’intense circulation des modèles entre les arts à la Renaissance.
Cette pièce, comme de nombreuses pépites du Louvre, provient de la mythique collection Campana acquise en partie par Napoléon III. Ce directeur du mont-de-piété de Rome avait constitué une éblouissante collection d’antiques, mais aussi d’œuvres de la Renaissance. C’est d’ailleurs lui qui procéda au remontage des trois éléments du retable. Éléments dont on ne sait pas avec certitude s’ils proviennent du même ensemble, ou s’il s’agit d’un assemblage d’objets à l’esthétique similaire.
Cette œuvre monumentale sommeillait dans les réserves du Louvre depuis 1993. Elle en est sortie en 2018 et a été remontée pour l’exposition consacrée à la collection Campana. N’ayant pas le projet de la présenter de manière pérenne, le Louvre a proposé à Caen de l’accueillir en dépôt pour une durée de cinq ans renouvelable. Ce dépôt s’inscrit dans une politique proactive de l’établissement parisien, puisqu’en 2020, 119 œuvres ont été déposées dans les musées.
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Encradement d’un retable de l’atelier des Buglioni
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°739 du 1 décembre 2020, avec le titre suivant : Encradement d’un retable de l’atelier des Buglioni