En travaux, le Musée de la Roche-sur-Yon se délocalise à l’école

La Roche-sur-Yon (Vendée). S’il s’agit bien d’un lieu temporaire, Claire Maurer-Montauzé, directrice du Musée de la Roche-sur-Yon a bien du mal à le qualifier ainsi. Ouvert au public depuis la fin du mois de mars, l’Espace Malraux offre un vrai parcours muséal. Mais sa durée de vie est limitée aux cinq années que durera le chantier de réfection du musée municipal, qui s’installera dès 2028 dans l’ancien tribunal de la ville, sur la place Napoléon. L’inauguration de ce nouvel équipement, qui partage sa parcelle avec le chantier du futur hôtel de ville, devait initialement se faire en 2023 : « Il a fallu encaisser la nouvelle. Mais finalement, c’est une occasion de faire de ces cinq années un moment “laboratoire” », explique la directrice.

Lorsque le projet du nouveau musée est mis sur les rails, c’est d’abord sous la forme classique d’une action « hors les murs » que les équipes du musée envisagent de faire vivre l’institution durant sa fermeture. Mais une occasion se présente avec le regroupement de deux écoles municipales, laissant un site désaffecté en plein cœur de ville : « C’était tentant de l’investir, rapporte Philippe Porté, adjoint au maire délégué au musée et à l’identité napoléonienne. Le site s’y prêtait, le cheminement dans le bâtiment aussi. Il était possible de raconter une histoire. Ce cadre nous permettait d’envisager des restaurations, et de les présenter au public. » Lorsque le plan de relance post-Covid est lancé, le projet de conversion de l’école en petit musée est abouti et financé grâce à une subvention exceptionnelle de 500 000 euros de l’État, auxquels la ville ajoute 110 000 euros.

Le travail du service municipal des bâtiments a permis de créer, à peu de frais, des salles de musées, en rajoutant quelques cloisons-cimaises entre les poteaux des anciennes classes, et en choisissant quelques teintes bien marquées pour faire progresser le parcours du bleu au vert, en passant par le rouge. Grâce à ces couleurs, mais surtout à deux dispositifs, le musée-école parvient à marquer son identité liée au XIXe siècle : l’éclairage plonge les salles de classe dans une ambiance Beaux-Arts, et l’identité graphique du musée, confiée à l’agence Appelle moi Papa, reprend sous une forme moderne les typographies du XIXe siècle. Une prestation déterminante pour marquer le nouvel usage du lieu, annoncé dès le mur d’entrée de l’école.

Le déroulement parcours a fait l’objet d’un travail de conception, autour du métier d’artiste : comment le devient-on ? Quels voyages ou expériences sont déterminants ? Comment obtenir des commandes et faire carrière ? Ces trois séquences organisent un discours clair et compréhensible, bien alimenté par la figure de Paul Baudry – chantre du classicisme et personnalité locale. En mezzanine, un excursus est consacré à un autre Yonnais, le dessinateur animalier Benjamin Rabier.

Avec cent visiteurs par jour depuis l’ouverture, l’initiative semble déjà porter ses fruits. « Être dans une école, c’est moins solennel, souligne Claire Maurer-Montauzé. C’est aussi un lieu où certains visiteurs ont été scolarisés, ça crée un lien chaleureux. » Insistant sur la formation, les équipes du musée souhaitent que l’ancienne école reste un lieu d’apprentissage, notamment à travers la copie des œuvres. Une proposition présentée dès la galerie d’entrée, où les grandes toiles académiques font face aux croquis des visiteurs. « On veut que les gens reviennent, dessinent. Nous avons une lycéenne qui est revenue dix fois, s’enthousiasme la directrice. On organise également des soirées “Tous copistes”. Lors de la dernière, certains sont restés trois heures devant les œuvres. On se serait cru au XIXe siècle ! »