Applications pour smartphones, ouverture vers les réseaux sociaux, les musées ont résolument adopté les dispositifs innovants, et se dotent même pour certains d’un observatoire des pratiques numériques.
Avec plus de deux cents applications mobiles disponibles aujourd’hui sur l’Apple Store et sur Google Play Store, les institutions culturelles françaises sont plutôt en avance en matière d’aide à la visite mobile et numérique. En 2009, le Musée de Cluny et le Grand Palais étaient les premiers établissements culturels européens à proposer une application iPhone aux visiteurs. Plus récemment, le Musée du Louvre innovait en intégrant des consoles de jeu vidéo dans son parcours pédagogique. Selon Pierre-Yves Lochon, fondateur du CLIC France (Club Innovation & Culture France) : « Nous devons cette avance à plusieurs facteurs : un maillage muséal dense, des entreprises innovantes […], des formations universitaires spécialisées, des collectivités territoriales motivées, une forte pénétration des outils mobiles [dans l’équipement numérique des Français] et une nouvelle génération de professionnels réceptifs à l’innovation. » Depuis 2009, de nombreux musées et lieux culturels se sont lancés dans l’aventure de la médiation mobile en proposant aux visiteurs une nouvelle génération d’outils leur permettant de personnaliser certaines variables de leur visite (support, contenu et lieu de consommation de ce contenu). Aujourd’hui, plus de 200 musées proposent des dispositifs mobiles d’aide à la visite (chiffre CLIC France) – 29 musées parmi les 320 répondants du Palmarès 2013 (lire le JdA no 394, 21 juin 2013) commercialisent des applications pour smartphones.
Contenu personnalisé
Pour certaines institutions, la mobilité offerte par ces outils a profondément transformé l’expérience de visite, d’une part en développant les usages avant et après la visite, d’autre part en proposant pendant celle-ci un contenu personnalisé. Pour d’autres, l’expérience muséale des visiteurs n’a que très peu évolué car le contenu des nouveaux outils mobiles proposés aux visiteurs reste encore trop proche de celui de l’audioguide classique, et cela malgré un contenu enrichi en images, textes, vidéos, etc.
L’individualisation de la visite est un reproche fréquemment relevé par les visiteurs et les institutions les plus réticentes à l’entrée des nouvelles technologies dans l’espace muséal. Pourtant, l’ouverture vers les réseaux sociaux offre la possibilité de mettre en place un musée participatif. Dans le cadre de l’exposition « Dynamo », présentée jusqu’au 22 juillet au Grand Palais, les visiteurs sont invités à interagir avec les œuvres. Via une application mobile téléchargeable gratuitement sur leur smartphone, ils peuvent poster, sur les réseaux sociaux ou sur le mur digital situé à la sortie de l’exposition, une photo ou un commentaire. Le Palais de Tokyo propose également pour ses expositions temporaires une application smartphone permettant aux visiteurs d’apporter leurs commentaires via les réseaux sociaux.
Dispositifs gratuits
Certains musées mettent à disposition des visiteurs leurs propres outils mobiles. Avec son guide multimédia, le Louvre-Lens s’inscrit dans cette démarche. Car si le smartphone a tendance à se généraliser dans l’équipement des Français, 50 % de la population n’en possède pas et seulement 15 % des Français détiennent une tablette (étude Deloitte, 2012).
Le guide multimédia du Louvre-Lens est un outil particulièrement ergonomique qui propose une navigation intuitive sous la forme d’une modélisation 3D de l’espace d’exposition. Ce guide constitue probablement à ce jour l’une des aides à la visite mobiles et numériques les plus réussies en France.
De même, pour son exposition « Circuler. Quand nos mouvements façonnent les villes » (avril-août 2012), la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, a mis à disposition des visiteurs un parc de smartphones dotés de contenus multimédia. Le Musée archéologique de Saint-Raphaël
(Var) propose, lui, une visite numérique sur la tablette iPad et le baladeur iPod Touch prêtés par le musée. Un bon point pour tous ces musées : les outils mobiles prêtés sont des dispositifs gratuits.
Les grandes institutions culturelles ne sont plus aujourd’hui les seules à mettre en place des outils mobiles et numériques innovants. En 2008, de tels outils exigeaient un investissement de 20 000 à 50 000 euros. En 2013, un musée peut créer son application avec 5 000 à 10 000 euros, voire moins s’il en partage les recettes avec son développeur. C’est ainsi que des lieux culturels de plus petite taille, tels que le château du Clos Lucé (Val-de-Loire), le Musée Bonnard (Le Cannet, Alpes-Maritimes), ou le Musée Paul-Belmondo (Boulogne-Billancourt) ont déjà lancé leur application. Certaines institutions mettent également en place des observatoires du numérique pour mieux comprendre les pratiques et usages des visiteurs (Louvre-Lens, centre Erasme à Lyon). L’expertise de ces centres de ressources et d’expérimentation est l’une des forces de la filière muséale française. Mais le manque de partage des résultats constitue un frein et accentue la « fracture numérique » entre les grands et petits musées.
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De nouvelles aides à la visite
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Abonnez-vous dès 1 €Le guide multimédia proposé par le Louvre-Lens.- © Photo D.R.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°395 du 5 juillet 2013, avec le titre suivant : De nouvelles aides à la visite