Collection Lauffs

Beuys : du musée au marché

Par Charmaine Picard · Le Journal des Arts

Le 6 mai 2008 - 409 mots

Le Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld tente de conserver des œuvres de l’artiste déposées en prêt à long terme.

KREFELD (ALLEMAGNE) - Le Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld, en Allemagne, est en pleine négociation avec la collectionneuse Helga Lauffs (lire p. 27). Le musée tente par tous les moyens d’empêcher la vente de cinq sculptures de Joseph Beuys. Les œuvres avaient été installées dans le musée par l’artiste natif de Krefeld dans deux salles spécialement conçues à cet effet.

Au début des années 1960, feu l’industriel Walther Lauffs et son épouse Helga ont posé ensemble les premiers jalons d’une collection de cinq cents œuvres réunissant des artistes tels Richard Deacon, Robert Indiana et On Kawara. Le Musée de Krefeld a bénéficié de ces œuvres, dans le cadre d’un prêt à long terme – les pièces y sont présentées en alternance. Au début de l’année, Helga Lauffs a mis fin à cet accord, et la vente de la collection a été annoncée en avril. Quelque cent cinquante-cinq œuvres ont été acquises par les galeristes David Zwirner et Iwan Wirth, tandis qu’un autre ensemble estimé à 49 millions d’euros passera en vente chez Sotheby’s à New York au mois de mai et à Londres d’ici la fin de l’année.

L’avocat d’Helga Lauffs, Michael Loschelder, explique que sa cliente souhaite se séparer de sa collection, car les œuvres n’étaient pas conservées de manière adéquate. Selon le directeur du musée, Martin Hentschel, la vente a été décidée parce que la collectionneuse « a plus de 80 ans et qu’elle a six filles. » Si la plupart des œuvres ont déjà été vendues ou mises en vente, Martin Hentschel se bat pour garder les installations de Beuys. « Beuys a créé deux salles dans le musée pour y installer deux pièces de notre propre fonds et cinq autres de la collection Lauffs, créant ainsi un ensemble. Séparer ces œuvres serait une catastrophe », avance-t-il. Selon lui, la veuve de l’artiste, Eva Beuys, souhaite voir les sculptures rester à Krefeld. L’institution organise un colloque le 17 mai, au cours duquel six spécialistes de Beuys s’exprimeront sur l’intégrité des œuvres en question. Martin Hentschel s’avoue peu optimiste : « Nous sommes déçus qu’après toutes ces années, aucun don n’ait été fait au musée. Nous avons pris en charge la restauration, le stockage, l’assurance et les catalogues, et nous n’avons jamais rien reçu de la part des Lauffs. » Helga Lauffs n’a pas souhaité faire de commentaire.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°281 du 9 mai 2008, avec le titre suivant : Beuys : du musée au marché

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