L’idée d’un Musée du XXe siècle a franchi un pas avec le projet du nouveau président du Centre Pompidou, Jean-Jacques Aillagon, de scinder le Musée national d’art moderne en deux départements. Beaubourg se lance non seulement dans la rénovation de son bâtiment – dont la majeure partie fermera à partir d’octobre prochain – mais également dans une réorganisation interne.
PARIS - Le Musée national d’art moderne (Mnam) possède aujourd’hui environ 40 000 œuvres mais peut seulement en exposer moins de mille. C’est peu dire qu’il étouffe dans ses murs et qu’il est incohérent d’accroître une collection vouée à dormir majoritairement dans les réserves. Depuis quelques années, l’idée de vider Beaubourg de sa collection historique et de créer un Musée du XXe siècle permettant au Centre Pompidou de se concentrer sur sa vocation initiale – montrer l’art d’aujourd’hui – fait son chemin.
Plutôt que de revenir sur la fusion décidée en 1992 du Mnam et du Centre de création industrielle (CCI), mariage aujourd’hui en partie regretté, le nouveau président, Jean-Jacques Aillagon, préfère envisager une "bipolarisation de cette entité en deux départements : un département historique, provisoirement dénommé Musée national d’art moderne, et un département contemporain, le Centre de création contemporaine". L’équipe actuelle du Mnam-CCI doit réfléchir sur cette scission, tandis que Marie-Claude Beaud, ancienne directrice de la Fondation Cartier et directeur général de l’éphémère American Center à Paris, est chargée d’une "mission de réflexion et de recommandation" sur le Centre de création contemporaine (CCC). À quelle date doit s’opérer la coupure chronologique, comment vont se répartir les acquisitions, les réserves, comment y rattacher le spectacle vivant ? Autant de questions qui déboucheront sur un rapport remis le mois prochain.
Une telle séparation "doit permettre d’envisager le redéploiement de l’une ou l’autre entité à l’extérieur du bâtiment du Centre, perspective dont on ne peut ignorer le caractère inéluctable à moyen terme", reconnaît Jean-Jacques Aillagon. Elle contient en germe le futur Musée du XXe siècle, si l’État lui en donne les moyens, mais pour l’heure, elle devrait renforcer le pouvoir d’arbitre du président, celui-ci n’ayant plus en face de lui un seul directeur du Mnam, mais deux personnalités pouvant être en concurrence.
OPA sur le Jeu de Paume
Le CCC devrait bénéficier de nouveaux espaces puisque le président de Beaubourg semble avoir réussi une OPA sur le Jeu de Paume, qui serait rattaché au Centre en l’an 2000. D’ici là, une collaboration entre les deux institutions va s’établir. En outre, les 6 000 m2 des anciens magasins Aseco situés dans le quartier de l’Horloge, loués pour douze ans, pourraient accueillir des expositions d’art contemporain après avoir hébergé la Bibliothèque publique d’information durant la fermeture du Centre.
Par ailleurs, Jean-Jacques Aillagon, "ne pouvant se satisfaire de l’enfilade de monographies" et refusant "d’être le tôlier du musée", a chargé Bernard Blistène, ancien directeur des Musées de Marseille, de veiller "au rythme, au sens, à la lisibilité" de la programmation des expositions. Sophie Aurand, directeur de Paris-Musées, doit "rationaliser" leur production. Beaubourg se prépare à l’an 2000. Mais sa fermeture pendant plus de deux ans va peser lourdement sur la vie culturelle de la capitale, déjà partiellement privée de Grand Palais.
Pendant les travaux, la culture continue…
• La bibliothèque (BPI) s’installera dans les anciens magasins Aseco, 600 à 700 places.
• Un tepee sur la piazza abritera la librairie-boutique et les services d’information.
• Spectacles au Centre Wallonie-Bruxelles.
• Expositions des collections dans des institutions parisiennes, en régions (Colmar, Nice, Mulhouse, Nantes, Lyon…) et à l’étranger (Espagne, Italie, Japon, et surtout New York avec "L’art en France du début du siècle à nos jours", au Guggenheim).
Le nouveau Beaubourg
• Le musée gagne 4 000 m2 et s’étendra sur la totalité des 3e et 4e étages. Entrée au 3e étage.
• Les expositions temporaires gagnent 1 000 m2 au 5e étage. La photographie aura un espace.
• La bibliothèque (BPI), déployée sur la totalité du niveau 1 et les deux tiers du niveau 2, aura un accès indépendant par la rue Saint-Merri.
• Le Forum sera comblé. Les cinq salles de spectacle seront regroupées au niveau -1.
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Beaubourg voit double
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28 janvier 1997 : XXe anniversaire du Centre, fin du réaménagement des abords du Centre, réouverture de l’atelier Brancusi sur la Piazza
Octobre 1997 : Fermeture à l’issue des expositions "Fernand Léger" et "Le temps des ingénieurs". Maintien cependant d’une activité d’exposition sur 1 500 m2 (Max Beckmann en 1998), de la documentation du Mnam/CCI pour les chercheurs et, pour les touristes, de la chenille permettant de grimper sur les terrasses
Janvier 1998 - mi 1999 : RéaÂméÂnagement du bâtiment. Coût 440 millions de francs
Mi 1999 - décembre 1999 : Réinstallation
31 décembre 1999 : Réouverture
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Beaubourg voit double