Au Havre, la plus ancienne Maison de la Culture rouvre après 5 ans de travaux

« II n'y a pas une maison comme celle-ci au monde, ni même au Brésil, ni en Russie, ni aux États-Unis. Souvenez-vous, Havrais, que l'on dira que c'est ici que tout a commencé » disait Malraux lors de l’inauguration de la Maison de la Culture au Havre en 1961. Quatre mois après sa nomination comme ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles, il avait voulu que chaque département ait sa maison de la culture dans les trois ans. Celle du Havre avait été la première ; en 1969, à son départ du ministère, la France en comptait seulement sept.

Des Maisons de la Culture aux scènes nationales
Plus de cinquante ans après son inauguration, le volcan fait à nouveau éruption sur la scène artistique nationale. « Cela représente une renaissance dans une ville habituée aux renaissances » a confié Edouard Philippe, maire UMP du Havre. Privée de locaux à sa création en 1961, la Maison de la Culture cohabitait avec le Musée des beaux-arts puis avec le Théâtre de l’Hôtel de ville. En 1982, à la demande de la municipalité communiste, elle s’était vue offrir un bel écrin, conçu par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. L’édifice cylindrique en béton blanc, d’abord qualifié de « pot de yaourt » et de « centrale nucléaire » a conquis le cœur des Havrais pour devenir un symbole de la ville. En 1991, le Volcan est devenu « scène nationale », un label du ministère de la Culture qui rassemble 70 établissements d'action culturelle. A l’aube du XXIe siècle des grands travaux ont semblé nécessaires.

« Le béton avait mal vieilli, il pleuvait à l'intérieur, les conditions de travail des employés dans les bureaux étaient devenues invivables », raconte Jean-François Driant, directeur de la Scène nationale du Volcan depuis 2006. Après avoir obtenu l’aval d’Oscar Niemeyer (disparu en 2012 à l’âge de 104 ans), auquel tenait Antoine Rufenacht, maire UMP du Havre de 1995 à 2010, les travaux ont été entrepris sous la houlette de Dominique Deshoulières, architecte mandataire de la réhabilitation. Composé d’un « grand volcan » (grande salle initialement d’une capacité de 1 100 places, réduite à 800 places après les travaux) et d’un « petit volcan », salle de répétition transformée en médiathèque après rénovation, l’ensemble est désormais desservi par un grand escalier en pente douce menant à son entrée et les portes hydrauliques ont été remplacées par des portes en verre, laissant passer plus de lumière. Cette cure de jouvence ne trahit pas celui qui disait : « Je n’aime pas les angles droits. Ni les lignes droites, inflexibles et dures créées par l’Homme. Je suis attiré par les courbes qui se répandent librement et sensuellement. », et s’intègre parfaitement à l’architecture contrastante du centre ville réhabilité par Auguste Perret, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2005.

Une scène attentive à la place de la culture, au soutien et au développement de la création
Si la Scène nationale est gérée par un « établissement public de coopération culturelle » (EPCC) depuis 2009, l'association Maison de la Culture du Havre (MCH), qui réunissait dès 1961 la ville du Havre, l'Etat et le Conseil général de Seine-Maritime, ainsi que des citoyens militants culturels, continue à être représentée au Conseil d’administration. Conformément au souhait d’André Malraux de rendre l'art accessible au plus grand nombre, la Scène nationale continue ainsi à être attentive à la place de la culture, au soutien et au développement de la création, dans l'agglomération havraise, à faire connaître et promouvoir les activités artistiques développées par l'EPCC et à jouer un rôle culturel fédérateur de sensibilisation et de formation des publics de l'agglomération havraise, en lien avec d'autres structures culturelles.

Le Volcan figure parmi les cinq premières scènes nationales de France (avec Grenoble, Bobigny, La Rochelle et Créteil) par la taille. Avec plus de 50 spectacles par saison pour plus de 200 représentations, la Scène nationale affiche une activité soutenue dans l’ensemble des disciplines du spectacle vivant mais aussi dans le domaine des arts numériques ou de la réflexion. Mercredi 7 janvier, c’est l’acoustique de la grande salle qui est mise à l’épreuve avec le concert de réouverture : 32 ans après le concert inaugural de la Maison de la Culture, Jean-Claude Casadesus revient avec l’orchestre national de Lille.