PARIS
Amélie Simier, directrice des Musées Bourdelle et Zadkine depuis 2011, vient de rouvrir le Musée Bourdelle début mars après neuf mois de fermeture pour travaux. Elle explique les enjeux de ce chantier et présente l’actualité du musée.
Quels étaient les enjeux de ces travaux de rénovation ?
En premier lieu, une mise aux normes électriques nécessaire pour ces bâtiments merveilleux dont l’histoire est un peu hétéroclite : des ateliers de 1880 jusqu’à l’extension de Portzamparc en 1992. Pour améliorer l’accueil de nos visiteurs, il fallait aussi faciliter l’accès du musée aux personnes à mobilité réduite (PMR). C’est un travail subtil qui a été fait en parfaite harmonie avec la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage. On a réussi à trouver des solutions qui respectent l’identité forte du lieu. Les voies d’accès ont réutilisé les pavés anciens, remis en forme, les trottoirs en ciment ont été élargis, et on a créé ponctuellement deux ascenseurs pour trois marches problématiques aux entrées du musée et du grand hall.
Vous avez également retravaillé l’éclairage ?
Oui. La mise aux normes électriques nous a amenés à changer des éclairages et nous avons pu mener une campagne très fine de réglage de ces nouvelles lumières, des LED, avec des températures de couleurs et des scénarios qui mettent mieux en valeur ce qu’est la sculpture : des jeux d’ombre et de lumière, de pleins et de creux. Je ne sais pas si les visiteurs s’en rendront compte, mais le changement est manifeste dans le Hall des plâtres, auparavant éclairé par la lumière naturelle et quelques spots. Aujourd’hui nous avons trouvé des solutions pour éviter le contre-jour et révéler ces œuvres monumentales.
Quels problèmes ont posé la mise en accessibilité du lieu ?
Pour rendre accessible à tout le fond du grand hall en forme d’abside surélevée, sur lequel est disposé Le Centaure mourant, l’un des chefs-d’œuvre de Bourdelle, il fallait radicalement transformer l’architecture existante. Nous avons préféré le rendre inaccessible, privilégiant ainsi une vision lointaine et magnifiée de l’œuvre. Un second exemplaire du Centaure est visible de près, dans l’Atelier de sculpture.
Quelles ont été les autres actions dans ce chantier de rénovation ?
Le pavillon de gardien a été transformé en PC de sécurité ; nous avons créé une nouvelle salle pour les ateliers pédagogiques, une salle d’archives et une salle de réunion. Nous avons entièrement repensé la scénographie de l’Atelier de peinture ; enfin, nous avons entamé des travaux de consolidation des structures de la façade des ateliers. Au total, les travaux de rénovation ont coûté près de 3 millions d’euros.
Comment respecter les lieux et ne pas trop en faire ?
C’est un lieu qui n’est ni classé ni inscrit au titre des monuments historiques : le respect de l’identité du lieu repose ici sur la fine connaissance des équipes qui y travaillent – certains ont connu la fille de Bourdelle –-, sur les 15 000 photographies et sur les 100 mètres linéaires d’archives dont nous disposons. Il faut connaître l’histoire des lieux et savoir ce que l’on veut pour eux : pas un changement radical, mais un supplément d’âme.
Il n’y a pas de dispositifs multimédia pour la réouverture. Est-ce un choix ?
À titre personnel, je trouve qu’introduire le multimédia dans des endroits qui sont si évocateurs, ce serait superposer un dialogue à un autre. En revanche, nous avons ouvert une salle dédiée aux matériaux et techniques de la sculpture, pédagogique, avec des prototypes et des dispositifs d’explication : des outils de médiation dans un lieu au cœur du parcours, mais à côté des collections permanentes.
Comment expliquez-vous les succès de fréquentation des musées de la Ville de Paris ? Est-ce dû à la création de l’établissement public de Paris Musées ?
L’arrivée de Paris Musées et le changement de directeurs de musées ont suscité une plus forte cohésion. Nous avons des réunions tous les mois pour échanger, particulièrement sur nos programmations : c’est stimulant. Nous avons désormais des interlocuteurs tous dédiés à la vie des musées, des fonctions qui se sont professionnalisées. Enfin, outre l’excellence de la programmation des musées de la Ville de Paris, il faut aussi souligner l’importance plus grande accordée à la communication, et donc à la visibilité de nos expositions, comme de nos collections permanentes.
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Amélie Simier : « Un supplément d’âme »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°432 du 27 mars 2015, avec le titre suivant : Amélie Simier : « Un supplément d’âme »