Les informations rapportant des attaques ou dommages – par exemple le récent séisme en Italie – subis par le patrimoine culturel sont suffisamment nombreuses pour que l’on puisse se réjouir d’au moins une bonne nouvelle. Elle nous vient de la Cour pénale internationale de La Haye qui vient de juger l’instigateur des destructions de plusieurs mausolées de Tombouctou (Mali).
Dans la guerre des images que mènent – aussi – les djihadistes, la force symbolique de ce procès est considérable. Les photos et vidéos de ce Touareg en costume occidental et petites lunettes face à ses juges envoient trois signaux forts aux combattants salafistes.
Le premier est que leurs crimes ne seront pas impunis, y compris les attaques contre le patrimoine dont un de leurs auteurs est pour la première fois jugé personnellement aux Pays-Bas. On doit sa capture aux forces françaises qui ont organisé la reconquête de Tombouctou en 2013 quelques mois seulement après sa prise par des milices d’Ansar Dine, une branche d’Al-Qaida.
Deuxième message que fait passer le procès : ces destructions ne sont pas toujours définitives, celles-ci ont en quelque sorte été effacées après la reconstruction des cénotaphes par la communauté internationale sous l’égide de l’Unesco.
Enfin, les déclarations d’Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, reconnaissant et regrettant les faits, et appelant les musulmans à ne pas suivre son exemple, sont autant de flèches psychologiques pouvant ébranler les certitudes des islamistes radicaux, déjà déstabilisés par les défaites de Daech sur le terrain. Ce Touareg, qui n’était pas un combattant mais le chef de la brigade islamique des mœurs, a plaidé coupable, une stratégie de défense qui ne lui vaudra que neuf à onze ans de prison, comme les juges devraient en décider le 27 septembre prochain. Il n’empêche, c’est une victoire morale et cela compte.
Le procès permet aussi de rappeler aux Occidentaux que les premières victimes des djihadistes sont les musulmans eux-mêmes, dans leur chair et dans leur culture.
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Une victoire contre le djihadisme
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Abonnez-vous dès 1 €Un des mausolées de Tombouctou au Mali en 2005 © UNESCO / Photo Francesco Bandarin - Licence CC 3.0 IGO
Ahmad Al Faqi Al Mahdi lors de son procès © AFP / PATRICK POST / ANP
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : Une victoire contre le djihadisme