Éditorial

Une rentrée flottante

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2017 - 363 mots

Ambiance. Il flotte un air d’attente un brin désenchanté en ce début de rentrée culturelle.

La Biennale des antiquaires 2017, dorénavant annuelle sous le nom de Biennale (!) Paris, qui lançait la saison, est loin de susciter l’enthousiasme des éditions précédentes. Avec moins d’exposants et moins de grands antiquaires, la foire est aujourd’hui largement distancée par Tefaf et sérieusement concurrencée par des manifestations concomitantes (Le Parcours des Mondes) ou à venir (Fine arts Paris). Du côté de la Rue de Valois, l’atmosphère est tout aussi interrogative. Après la vague de sympathie suscitée par sa nomination (surtout auprès des journalistes), Françoise Nyssen n’a pas encore annoncé de grandes mesures. Mis à part les affaires courantes et les hommages aux nombreux disparus, la seule annonce de ses cent premiers jours concerne la nomination d’Erik Orsenna en tant qu’ambassadeur auprès des bibliothèques afin de les convaincre d’élargir leurs horaires d’ouverture. Ainsi que le rappelle notre nouveau chroniqueur Pascal Ory, brillant universitaire, spécialiste reconnu de l’histoire culturelle et tête chercheuse dans de nombreux domaines, la France n’a pas le même rapport avec ses bibliothèques que les pays du Nord ou anglo-saxons bien plus généreux. Françoise Nyssen, pour en revenir à elle, se réserve sans doute pour la présentation du budget 2018 dont on sait seulement « qu’il sera intégralement préservé ». Ce parfum désabusé s’est même emparé des écoles supérieures d’art (lire page 6) dont de nombreux établissements peinent à trouver leur directeur. Sans compter la directrice de l’Unesco, Irina Bokova, dont le mari est cité dans une vaste enquête menée par un consortium de journaux sur les largesses du régime azerbaïdjanais.

Gageons que ces brouillards matinaux seront très vite dissipés par la succession d’événements qui vont rythmer l’automne : les journées du patrimoine, l’ouverture du Musée Saint Laurent, les Nuits blanches. Et bien sûr toutes les expositions très attendues, de Gauguin au Grand Palais à Camille Henrot au Palais de Tokyo en passant par César au Centre Pompidou ou celle sur le MoMA à la Fondation Vuitton, qui décidément a l’art d’événementialiser sa programmation. À moins que la thématique des « Mondes flottants » de la Biennale d’art contemporain de Lyon ne vienne remettre un peu de vague à l’âme.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°484 du 8 septembre 2017, avec le titre suivant : Une rentrée flottante

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