La France compte sur son territoire des milliers de châteaux, bien souvent en mains privées. Ce patrimoine exceptionnel – hauts lieux historiques, fleurons de l’architecture ou domaines plus modestes – nécessite des moyens financiers considérables pour être entretenu. Même l’État, au plus haut niveau, cherche aujourd’hui à se séparer de certains monuments historiques et à en transférer la propriété, et donc l’entretien, à des collectivités territoriales. L’aventure prend une autre tournure quand ce coût repose sur les épaules de particuliers. Paradigme du château français, édifié par Le Vau, décoré par Le Brun, entouré de jardins dessinés par Le Nôtre, Vaux-le-Vicomte, qui est la propriété de la famille Vogüé, demande des moyens considérables. Ouvert au public, le château accueille pour remplir ses caisses de multiples manifestations, comme les soirées aux chandelles organisées les vendredis et samedis soir en juillet et août, mais aussi des réceptions privées ou des tournages de films. Régulièrement, la famille vend aussi aux enchères des biens meubles issus du château pour financer des travaux. Ce type de vente est relativement courant, comme vient nous le rappeler l’actualité. Le 30 mai devait ainsi être dispersée à Drouot une partie du mobilier du château de Sassenage, en Isère, propriété de la fondation de France qui évoquait pour la justifier la lourdeur des frais d’entretien du château. La justice a finalement bloqué la vacation. Les pays étrangers ne sont pas épargnés puisque la République de Côte d’Ivoire mettra en vente le 29 juin à Fontainebleau le mobilier de l’hôtel Masseran, à Paris, dont l’état s’est détérioré.
Les efforts que font les particuliers pour la sauvegarde d’un pan de notre histoire justifient en tout cas le maintien du régime fiscal des monuments historiques protégés, avantages que le gouvernement a un peu vite considérés comme une « niche fiscale ». Si elle était adoptée, cette réforme pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’avenir de nos châteaux.
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Un pays de châteaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°284 du 20 juin 2008, avec le titre suivant : Un pays de châteaux