Une idée fausse circule avec insistance, l’idée selon laquelle « on » (le Gouvernement, la droite, les entreprises, c’est selon) voudrait que la culture soit rentable. Ses promoteurs, par méconnaissance ou mauvaise foi utilisent le concept de façon erronée et agrègent des situations différentes. La rentabilité, ce n’est pas simplement équilibrer dépenses et recettes, c’est dégager un profit significatif. Un profit financier supérieur à un autre investissement et/ou un bénéfice en termes d’image. De surcroît, sauf rares exceptions, la rentabilité suppose que le producteur ou le diffuseur culturel soit entièrement financé par des recettes commerciales. Quels sont alors les secteurs culturels sous l’empire de cette exigence ? Le livre, la musique, le cinéma sont soumis à cette obligation depuis longtemps sous peine de mettre la clef sous la porte, comme cela arrive malheureusement trop souvent sans que cela n’émeuve grand monde, en tout cas pas les contempteurs de la supposée rentabilité. C’est la loi de l’industrie, fût-elle culturelle. Les centres d’art sont naturellement libérés de cette obligation au motif que leurs recettes commerciales sont proches de zéro et qu’ils ne vivent que de subventions publiques. Le théâtre (public), la danse, sont eux aussi peu concernés par l’exigence de rentabilité. L’inadéquation entre leur faible marché potentiel et la structure de leurs coûts élevés les rend dépendants pour longtemps de l’argent public. Restent les musées et les sites patrimoniaux. On n’a encore jamais vu un seul « actionnaire-propriétaire » de musée demander au directeur dudit musée de lui verser des dividendes en fin d’exercice, pour la simple et bonne raison que l’État ou la collectivité propriétaire finance entre 70 % (dans le meilleur des cas) et 99 % de leur fonctionnement annuel. En fait « on » opère une confusion entre rentabilité et recherche de recettes propres pour compenser un argent public toujours aussi généreux comparativement à la plupart des pays, mais qui augmente moins vite que dans le passé. Mais ceci est un autre débat.
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Rentabilité, le faux débat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°436 du 22 mai 2015, avec le titre suivant : Rentabilité, le faux débat