Les ventes d’art contemporain de New York ont battu des records et pourtant les médias se sont montrés moins enthousiastes que d’habitude pour en faire état. En trois jours, entre le 10 et le 12 novembre, Christie’s et Sotheby’s ont vendu à elles deux, pour les seules vacations du soir, pour 1,31 milliard de dollars d’œuvres d’art d’après-guerre, soit 22 % de plus que l’an dernier. En 2007, avant la crise financière, le chiffre d’affaires alors qualifié d’historique n’était, si l’on peut dire, que de 641 millions de dollars. Record ? Le terme est tellement utilisé par les maisons de ventes depuis des années qu’il commence à être galvaudé. À force de comparer des choux et des carottes, c’est-à-dire des prix de vente frais compris avec des estimations hors frais, ou de pointer des records dans des sous-catégories telle que « dessin réalisé par une femme née en 1952 sous le signe du verseau », chaque vente est un record. Ces records en série signalent moins la bonne santé du marché de l’art que l’afflux d’argent qui se concentre sur un petit nombre de reliques : Warhol, Basquiat… Et de ce point de vue, les maisons de ventes n’ont pas de soucis à se faire. Selon l’étude annuelle de la banque UBS, le nombre d’ultra-riches – ceux qui ont un patrimoine net supérieur à 30 millions de dollars – a augmenté de 6 % pour atteindre 211 275 personnes, dont 4 750 en France. Et, nouveauté que révèle l’étude, ces grandes fortunes ont dépensé 25 milliards de dollars en œuvres d’art soit 38 % du marché de l’art. Or comme le souligne un analyste d’UBS, les possibilités d’investissement sont aujourd’hui limitées. Les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas, entraînant à la baisse le rendement des produits financiers. Par ailleurs les obligations d’État sont, soit peu rentables lorsqu’elles sont émises par des pays solides, soit risquées. Et comme cela ne va pas changer à court terme, le segment supérieur du marché de l’art a encore de beaux jours devant lui et les commissaires-priseurs vont continuer à trompeter leurs records au risque de l’indifférence voire de l’agacement.
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Records
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°424 du 28 novembre 2014, avec le titre suivant : Records