Dans sa surprenante exposition sur les relations aussi fertiles qu’insoupçonnées entre art, archéologie et olympisme, le Musée du Louvre montre la reproduction d’une œuvre de Constantin Dimitriadis (1879-1943).
Un sculpteur grec peu connu dont le Discobole finlandais hyper viril, tout en muscles de bronze ciselé, a pourtant raflé l’or au Jeux olympiques de Paris il y a tout juste un siècle. Lors de cette compétition, comme au demeurant lors de presque toutes les olympiades organisées de 1912 à 1948, des athlètes des ciseaux et des pinceaux ont en effet concouru, au même titre que les coureurs et les lutteurs.
C’est Pierre De Coubertin En Personne - Qui a activement plaidé pour que la compétition sportive intègre des disciplines aussi inattendues que la littérature, la peinture, la sculpture, l’architecture ou la musique. En faisant cohabiter arts et sports, le refondateur des Jeux espérait ressusciter l’idéal antique du « mens sana in corpore sano ». Le baron fera campagne auprès du Comité international olympique jusqu’à ce que l’instance adopte en 1906 son « pentathlon des muses ». Le projet reste toutefois lettre morte en 1908 à cause de l’organisation chaotique de cette édition et ne se concrétise qu’au cours des jeux suivants à Stockholm. Les débuts sont cependant frileux car on ne dénombre que trente-cinq participants, toutes disciplines confondues. Pour la petite histoire, le premier compétiteur à décrocher l’or dans la catégorie littérature n’est autre que Coubertin lui-même. Ode au sport, son poème bilingue français-allemand, prend en effet part à la compétition sous le pseudonyme d’un duo fictif d’écrivains, baptisé Georges Hohrod et Martin Eschbach.
Si La Première Édition N’est Pas Un Franc Succès, la seconde est tout bonnement annulée à cause de la guerre. Il faut attendre les JO de Paris 1924 pour que cette compétition trouve une vraie résonance. La Ville Lumière voit en effet l’opportunité de clamer à la face du monde son statut de capitale des arts. L’engouement prend enfin et près de 200 artistes s’affrontent dans cette olympiade culturelle, dont trois Soviétiques alors même que l’URSS boycotte officiellement les JO. Paul Claudel, Fernand Léger, Stravinsky ou encore Ravel… la crème de la crème de l’art moderne participe d’ailleurs à cet évènement. Enfin… surtout du côté du jury, car parmi les participants on ne trouve aucun artiste majeur ayant durablement marqué sa discipline. Les premières places des podiums reviennent ainsi au sculpteur grec Dimitriadis, au poète français Géo-Charles et au peintre luxembourgeois Jean Jacoby. Aucun musicien n’est en revanche récompensé, les jurés ne parvenant pas se mettre d’accord sur le lauréat. L’or n’est pas non plus décerné dans la catégorie architecture. Un étonnant duo décroche toutefois l’argent : les Hongrois Alfred Hajos et Deszo Lauber. Fait rarissime, Hajos avait en effet reçu la médaille d’or en natation aux premiers JO organisés à Athènes en 1896. Qui a dit que l’on ne pouvait avoir à la fois à la tête et les jambes ?
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Quand l’art était une épreuve des JO
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : Quand l’art était une épreuve des JO