Une expression américaine, Low hanging fruits, littéralement les fruits à portée de mains, caractérise assez bien les premières décisions de la nouvelle ministre de la Culture. D’abord sécuriser la saison des festivals en débloquant une partie des crédits du seul spectacle vivant, quitte à renier un engagement de campagne du candidat Hollande de lever le gel de tous les crédits de la culture. Ensuite, nommer un pur produit de ce même spectacle vivant à la direction de la création au ministère, histoire de faciliter la renégociation de la convention des intermittents du spectacle. Dans la foulée, changer quelques têtes trop marquées telles celle d’Isabelle Lemesle au Centre des monuments nationaux, puis de concert avec Laurent Fabius, celle de Renaud Muselier à l’Institut du monde arabe.
Montrer ses biceps en activant son réseau pour empêcher Bercy de réduire les avantages fiscaux liés au mécénat. Annoncer des intentions qui ne coûtent rien, comme une augmentation des prêts et dépôts d’œuvres en région. Se donner quelques marges de manœuvres budgétaires en abandonnant des projets tels la Maison de l’histoire de France ou l’hôtel de Nevers, ou en rognant le budget de fonctionnement de la Hadopi. Et puis, reporter toutes les décisions importantes en créant des commissions, pour l’économie numérique, pour l’organisation de l’archéologie préventive, pour le financement des écoles d’architecture, ou en annonçant une « grande loi sur la création ». On ne peut évidemment que se réjouir de cette volonté de concertation, tout en observant que cela entretient souvent un faux espoir. Le budget du ministère, attendu pour fin septembre et dont on sait déjà qu’il n’est plus prioritaire, sera la première grande épreuve du feu. Cette moisson estivale n’a cependant pas vraiment bénéficié à Aurélie Filippetti, puisque selon IPSOS/Le Point, le pourcentage de Français satisfaits de son action est de 29 %, quand il était de 52 % au début du mandat de Frédéric Mitterrand (et 46 % avant son départ), un adepte pourtant du sur place.
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À portée de mains
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°374 du 7 septembre 2012, avec le titre suivant : À portée de mains