Histoire de l'art

Le Retable de L’Agneau mystique, un si fabuleux destin

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 22 janvier 2020 - 374 mots

GAND / BELGIQUE

Achevé vers 1432, le retable de L’Agneau mystique n’est pas seulement l’œuvre la plus monumentale de son temps, avec ses vingt-quatre panneaux peints, mesurant 3,75 x 5,20 m une fois ouvert, et ses deux tonnes, il signe aussi l’acte de naissance des nouvelles possibilités offertes par la peinture à l’huile sur bois : le réalisme. 

Prouesse autant technique qu’esthétique, manifeste d’érudition – le retable est un condensé du message de la Rédemption –, L’Adoration de l’Agneau mystique est un chef-d’œuvre absolu au même titre que Le Jugement dernier de Michel-Ange ou le Retable d’Issenheim de Grünewald, et l’une des merveilles du monde. Le cycle a été peint par Hubert Van Eyck, artiste dont on ne sait aujourd’hui plus grand-chose sauf qu’il fut l’un des peintres les plus célèbres de son temps, et achevé après 1426 par son frère Jan – auteur du portrait des époux Arnolfini. Les fleurs et les arbres reproduits avec une fidélité de botaniste, la peau tannée par le soleil des mains d’Adam (l’un des premiers nus de l’histoire de l’art), comme la forme des bouches faisant entendre la tessiture des anges musiciens : tout dans l’œuvre témoigne de l’extraordinaire sens de l’observation dont firent preuve les frères Van Eyck, un demi-siècle avant Léonard de Vinci. Imagine-t-on la stupéfaction de ceux qui découvrirent ce chef-d’œuvre ouvert pour la première fois le jour même du baptême du fils du duc de Bourgogne ? Sans doute fut-elle la même que celle qui nous gagne aujourd’hui, lorsque nous redécouvrons ce merveilleux chef-d’œuvre après huit années d’une restauration spectaculaire qui a nettoyé le retable de ses repeints et rendu à l’Agneau mystique ses yeux grands ouverts sur le monde. Restauré, le retable de L’Agneau mystique est exposé à partir du 1er février 2020 au MSK de Gand dans la grande exposition « Van Eyck, une révolution optique », premier temps fort d’une année Van Eyck en Belgique. Un miracle, si l’on songe au destin du retable de la cathédrale Saint-Bavon de Gand, qui survécut au fil des siècles à la furie iconoclaste, aux pillages, aux flammes, aux vols, à la découpe, à la folie nazie… C’est cette histoire que nous allons vous raconter maintenant, le fabuleux destin de L’Agneau mystique des frères Van Eyck, la « Joconde » belge.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°731 du 1 février 2020, avec le titre suivant : Le Retable de L’Agneau Mystique, un si fabuleux destin

Tous les articles dans Opinion

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque