Depuis sa création il y a un peu plus d’un siècle et demi, la photographie n’a jamais cessé de croiser l’histoire de l’art dite traditionnelle sans pour autant être considérée comme réellement partie prenante du mouvement. Ainsi il aura fallu bon nombre d’années aux artistes pour faire accepter ce médium comme un support artistique à part entière et non pas simplement comme un outil de témoignages ou d’archives pour la création.
Et paradoxalement, les côtes démesurées qu’atteignent aujourd’hui certains photographes seraient presque synonymes d’amnésie, tant la contestation que beaucoup de créateurs tel William Eggleston, pionnier de la photographie couleur dans les années 70, ont pu rencontrer a bien failli, à l’époque, mettre à mal leur œuvre.
Mais finalement, toutes ces remises en question ne proviendraient-elles pas d’une seule et unique raison qui consisterait à croire que le dispositif technique nuit à la pertinence artistique. Sous prétexte qu’il suffit simplement d’appuyer sur un bouton, tout le monde peut s’improviser photographe. Ce type de sentence peut sembler à beaucoup d’entre vous d’un autre âge et pourtant, à titre d’exemple, il n’y a pas si longtemps que la photographie a fait son entrée officielle à la Fiac. Et d’ailleurs, si les mentalités avaient été différentes, de fait beaucoup plus ouvertes, une foire comme Paris Photo n’aurait peut-être jamais vu le jour.
Il ne s’agit bien sûr pas là de refaire le monde ou de critiquer, assez facilement après coup mais plutôt d’attirer l’attention sur le temps dont l’art et son rapport à la modernité ont besoin pour sensibiliser l’opinion publique. Ainsi, si certaines œuvres, certaines démarches ou actions peuvent parfois être jugées comme provocantes, leur raison d’être est souvent bien fondée et ainsi revendicatrice d’une époque. Dans une interview, Jean-Hubert Martin, directeur du Kunst Palast à Düsseldorf, déclarait un jour : « Ne faut-il pas avant tout être attentif à l’art de son époque si l’on veut bien comprendre l’art d’autrefois ? » Les croisements et les regards entre les époques sont donc indissociables, de même que la photographie ne peut être isolée des différentes expérimentations artistiques qui se sont produites depuis le milieu du XIXe siècle. Et pour conclure, il ne serait certainement pas absurde de déclarer que l’art reste sans doute encore à ce jour un test à la tolérance le plus explicite et démonstratif qu’il soit.
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Il faut du temps pour qu’œuvre se fasse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°541 du 1 novembre 2002, avec le titre suivant : Il faut du temps pour qu’œuvre se fasse