Il existe aujourd’hui un véritable décalage de générations dans les établissements d’enseignement entre des élèves nés avec le web et des professeurs s’y adaptant bon gré mal gré.
Cependant, ceux-ci doivent prendre en compte la jeunesse à qui ils s’adressent et faire évoluer la formation qu’ils lui dispensent. La dernière enquête (1) sur la pratique massive d’Internet par les jeunes, « les générations Y ou Z », les y invite. Certes, comme toute enquête, elle n’est pas à prendre au pied de la lettre, la formulation des questions étant sujette à discussion. Néanmoins, une conclusion s’impose : la pédagogie sur l’usage du web est indispensable aux collégiens, lycéens et étudiants. D’abord pour leur faire comprendre ce qu’il n’est pas.
L’enquête nous affirme qu’ils « partagent massivement les idéaux d’Internet » : l’exhaustivité – tout contenu culturel devrait être accessible par tout le monde – , la facilité et la gratuité. À la pédagogie de dire qu’un outil technologique n’est pas une valeur en soi, n’offre pas « d’idéal », seul compte l’emploi que l’on peut en faire. Internet ne garantit ni la liberté ni la démocratie. Par ailleurs, puisqu’ils ont dû acquérir l’instrument leur donnant accès au réseau, les jeunes estiment que les contenus doivent leur être transmis gratuitement. Là aussi la pédagogie s’impose car, s’ils acceptent une rémunération des auteurs, les jeunes ne veulent pas l’assumer directement et sont favorables à un financement par la publicité. Ils se disent également réticents à un financement de cet accès gratuit par la communication de données personnelles, alors que la réalité prouve le contraire. Une contradiction qui rappelle celle de sondages proclamant l’attachement des Français au service public de la télévision, alors que dans le même temps les chiffres de Mediamétrie consacraient l’audience d’une chaîne privée leader du marché.
La facilité : musique, films, vidéos, images sont évidemment les contenus culturels les plus recherchés et sont désormais davantage « consommés » en ligne que téléchargés. Internet est avant tout ludique, instrument de loisirs. Aux pédagogues de justifier comment, sous certaines conditions, il peut être aussi un outil de connaissance. Non seulement montrer comment se frayer un bon chemin à travers la toile, mais rappeler l’importance de la vérification de l’information, celle de la garantie de la source pour proscrire, par exemple, la facilité des « copier-coller ». Enfin, l’enquête proclame que « la génération Y, loin d’être passive, s’appuie sur le digital pour développer de nouveaux contenus culturels ». Là aussi, il importe de prendre en compte cette réalité tout en signifiant à ces jeunes « développeurs » qu’un outil n’est pas synonyme automatique de création. Et considérer la recherche incessante d’un David Hockney (2), artiste de la génération A...
(1) Enquête supervisée par l’Atelier Bnp Paribas pour le Forum d’Avignon. 507 jeunes de 15 à 25 ans, d’Allemagne, de Corée du Sud, des États-Unis, de France, d’Inde, en majorité étudiants, ont été interrogés en ligne.
(2) David Hockney, Drawing in a Printing Machine, Paris, Galerie Lelong, à partir du 17 janvier.
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« Gen » Y ou Z, pédagogie de A Z
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : « Gen » Y ou Z, pédagogie de A Z