Et dans la tempête et le bruit/La clarté reparaît grandie… Il faut avoir en tête ces vers de Victor Hugo (Les Contemplations) pour affronter les temps à venir. On sait que la culture a de plus en plus besoin du privé pour boucler les fins de mois. La hausse « cosmétique » du projet de budget 2009 du ministère ne changera rien à la situation. Or des nuages sombres s’amoncellent au dessus des mécènes privés. La forte versatilité des marchés boursiers et la crise bancaire risquent fort d’affecter temporairement l’économie réelle et de tarir la source du financement par les entreprises.
C’est dans ces circonstances difficiles qu’il faut conserver son calme, attendre l’éclaircie et avoir en tête les fondamentaux. Des fondamentaux solides, musées et centres d’art en comptent au moins quatre. Premièrement, la culture en général et les arts plastiques en particulier sont portés par une vigoureuse lame de fond. L’affluence dans les musées et leurs expositions ne cesse de progresser. C’est un phénomène sociologique lourd. Et il existe un réservoir encore plus important de visiteurs auprès des populations modestes, pour peu qu’on sache les intéresser à l’art.
En second lieu, musées et expositions ne coûtent pas si chers que cela. Le budget des musées nationaux, hors frais de personnel, ne dépasse pas 360 millions d’euros. Les dépenses totales des expositions en France atteignent péniblement 53 millions d’euros. Au total, le prix de moins de soixante-dix kilomètres d’autoroute. Aussi le coût par visiteur est-il sans doute l’un des moins élevés des loisirs subventionnés, avec une charge raisonnable sur l’environnement. Au fond, un musée, ce sont des tableaux accrochés au mur et des gens qui viennent les admirer.
En troisième lieu, le secteur est adossé à un marché parmi les plus actifs et les plus riches. Très fashion, le marché de l’art attire les petites et grosses fortunes, même en période de ralentissement économique. Cela peut être un handicap pour les musées aux budgets d’acquisition squelettiques, mais in fine ces institutions en profitent indirectement.
Enfin, il n’est pas inutile de rappeler la fonction éducative des musées et des centres d’art. Que ce soit à travers l’histoire racontée par les tableaux anciens ou le questionnement suscité par la création contemporaine, l’art élève l’intelligence et le sens critique. L’éducation est toujours un investissement pour l’avenir.
Menaces environnementales, 11 septembre et maintenant crise bancaire : nous vivons une intense période de transition de nos modes de vie. L’art est un pilier de notre civilisation sur lequel on peut reconstruire le futur. À garder en tête pour franchir le cap des tempêtes.
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Franchir le cap des tempêtes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : Franchir le cap des tempêtes