Commandé à Daniel Janicot par Nicolas Sarkozy, le rapport sur le Grand Paris culturel a été rendu public. Si quelques propositions sont intéressantes, le texte manque de réalisme.
Le rapport sur La Dimension culturelle du Grand Paris commandé en janvier 2011 est désormais sur le bureau du président de la République. Et franchement, pour l’art contemporain en Île-de-France et à Paris, il ne changera pas vraiment la donne. D’ailleurs, les consultations dans ce secteur ont été bien timides, avec quelques directeurs d’institutions – Diane Dufour pour le Bal, Claire Le Restif du Crédac à Ivry-sur-Seine, Xavier Franceschi du Frac Île-de-France et Antoine de Galbert, collectionneur et fondateur de La Maison rouge – et quasiment pas d’artistes – Philippe Rahm, Stefan Shankland et Didier Barbelivien ! – pour une série de propositions dont on doute qu’elles se concrétisent, car aucune réalité économique et financière ne vient les appuyer.
Quelques pistes à explorer
Parmi les « grandes idées » du rapport, pêle-mêle, celles d’initier un grand carnaval multiculturel ou de rebaptiser les villes limitrophes Paris-Asnières, Paris-Gennevilliers (étrangement pas de Paris-Neuilly suggéré) font plutôt sourire. M. Janicot demande une grande exposition nationale à l’instar de ce qui se fait en Suisse. Monumenta ou la Triennale [lire p. 42] coûtant déjà fort cher, où trouvera-t-on pareils budgets ?
Mais ne soyons pas persifleurs, reconnaissons au rapport Janicot son honnêteté lorsqu’il condamne le scandale des cartes de séjour et des visas si difficilement délivrés pour « compétences et talents » – souvenez-vous de l’affaire Chéri Samba, cet automne. Lorsqu’il appelle à favoriser l’ouverture de centres culturels étrangers, on ne peut être que d’accord, de même lorsqu’il propose de créer un quota de 1 % pour les nouvelles constructions, dévolu aux résidences et ateliers d’artistes – même s’ils sont mêlés aux mêmes intérêts que ceux de pépinières de jeunes entreprises innovantes !
Une nouvelle chaîne de télé du Grand Paris, une identité graphique globale, un observatoire canalisant projets et chiffres, l’aménagement d’axes artistiques ne sont pas, en revanche, des propositions palpitantes et visionnaires. À vrai dire, un réseau comme Tram [lire ci-contre] a déjà compris les bienfaits de la mutualisation, d’une mobilisation artistique et de la labellisation. Il est listé dans le rapport, mais sans plus de détails.
Sans coup de collier budgétaire à la clef de ce rapport, cette somme d’informations et d’idées bien intentionnées mais ultragénéralistes ne devrait pas bouleverser l’avenir de l’art contemporain. Il faudra compter sur soi-même pour pérenniser les compétences et répondre à l’appétence ô combien réelle du public pour la création de son temps.
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Janicot, une vision étroite du Grand Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : Janicot, une vision étroite du Grand Paris