Chomo, l’emmerdeur

Son engagement radical a un seul objectif : préserver sa totale liberté d’esprit et de création. Après avoir reçu une formation académique aux Beaux-Arts de Paris, il renonce à toute forme d’art commercial : « Les artistes mondains sont des prostitués, l’art n’est pas fait pour être vendu. » Peintre, musicien, poète, sculpteur, architecte, cinéaste, il se retire sur un terrain acheté en forêt de Fontainebleau où, récupérant tout ce qu’il trouve dans les bois, les décharges et les casses automobiles des environs, il construit son « village d’art préludien », ensemble totalement hétéroclite fait de bric et de broc.
 
Insoumis, jamais apaisé face à une société qu’il perçoit comme dévoyée sur une planète en grand danger, il paye sa rébellion au prix fort de la précarité et de la solitude. Le film présenté à la halle Saint-Pierre nous fait découvrir un homme indigné, révolté, parfois désespéré, habité par l’envie de donner des formes poétiques et délirantes à ses rêves.
 
Chomo pratiquait un « art total », ses œuvres montrées hors de leur contexte perdent en puissance. Souhaitons que cette exposition permette de prendre conscience de l’importance du travail de ce créateur visionnaire et que le « village d’art préludien », fermé depuis la mort de l’artiste, soit enfin réhabilité et à nouveau accessible au public.