Titouan Lamazou

C’est une vocation, comme celle du voyage : l’art a appelé l’ancien navigateur professionnel Titouan Lamazou à refaire sa vie. Alors qu’il avait remporté le Vendée Globe en 1990, inscrivant son nom à la liste des records mondiaux du tour de la planète en solitaire, l’homme aux yeux couleur curaçao s’est trouvé d’autres conquêtes. Il avait d’ailleurs commencé ses études à l’école des beaux-arts d’Aix-en-Provence avant de ressentir l’appel du large. Et aujourd’hui, il ne jette plus que vaguement un coup d’œil aux résultats de voile, tout entier dédié à son destin d’artiste.
Il y a quelques années, Lamazou avait déjà réussi un « carton » éditorial avec des aquarelles de carnets de voyages ; depuis cet automne, c’est une déferlante avec le projet tentaculaire Femmes du monde, Zoé-Zoé. Exposition au musée de l’Homme, double édition chez Gallimard, documentaire, spots télévisés, l’artiste contrarié a pris sa revanche institutionnelle. Porté par le mécénat de L’Oréal, le voyage autour du monde a pris six années en une trentaine de pays. Lamazou n’a pas choisi la distance de la photographie, mais la peinture combinée à la photo et au dessin pour aborder avec empathie des femmes. Derrière la pudeur de l’homme qui le fait parfois passer pour bourru, on découvre une démarche pleine de sympathie au service des femmes. « Il y a dans le monde une crise de l’identité masculine qui se traduit souvent par une régression de la condition des femmes », dit-il. La crise existentielle rôderait-elle  ?