Xavier Canonne, le singulier

Il lui a valu d’ailleurs d’être plusieurs fois menacé dans ses fonctions de directeur du Musée de la photographie à Charleroi. Fort du soutien de son conseil d’administration qui le suit dans sa critique, il demeure à la tête de cette institution qu’il a hissée en vingt-quatre ans, et avec des moyens de plus en plus limités, au rang des plus importantes en Europe.

Le pari n’était pourtant pas gagné à son arrivée dans cette ville sinistrée par le chômage dont il s’emploie à changer l’image. Mais la marge n’est pas sans lui déplaire. Chez lui, aucun plan de carrière. Uniquement des engagements et des rencontres qui l’ont conduit, le conduisent à s’investir ou à soutenir tel ou tel photographe, telle parution ou initiative comme celle du festival « Circulation(s) » , consacré à la jeune photographie européenne, qu’il parraine cette année. Ce sont les surréalistes belges, leur talent plus que leur subversion qui ont, très tôt, déterminé et constitué sa famille d’esprit. Tout particulièrement Magritte, Scutenaire ou Mariën, dont il fut proche.

Ce sentiment d’appartenance à cette famille pour ce grand spécialiste du surréalisme qu’il est n’enlève rien pour autant à son autre passion, celle pour le cinéma, celui de Melville en particulier avec lequel il partage le goût de la perfection, une manière d’être également, de penser et une troublante étrangeté, singularité aussi.