Dix-huit ans après sa première parution, L’art de la Chine fait peau neuve. Non seulement la nouvelle édition tient compte des découvertes intervenues entre-temps, mais elle marque une évolution du regard des historiens sur cette civilisation.
En 1979, paraissait L’art de la Chine de William Watson, somme reconnue, figurant en bonne place dans la collection "L’Art et les grandes civilisations" créée par Lucien Mazenod. Aujourd’hui, une nouvelle édition s’impose car l’historien britannique portait sur cette civilisation un regard "résolument occidental". Sa synthèse de l’art de la Chine ancienne, vue dans une perspective d’histoire mondiale de l’art, privilégiait les rapports entre l’Occident et l’Extrême-Orient. À présent, il importe de redresser la barre. Sans négliger ces relations, il faut aussi appréhender les objets dans leur contexte, connaître leur signification profonde. Marie-Christine Rey, conservateur au Musée Guimet, a été chargée de corriger cette vision. Elle s’est appuyée sur l’abondance des découvertes archéologiques majeures survenues depuis une vingtaine d’années. Outre les fameux guerriers de "l’armée du Premier Empereur", découverts près de Xi’an, l’ouvrage recense et analyse dix-sept autres sites. "Indéniablement, une nouvelle vérité, une nouvelle histoire sont sorties – et sortent encore tous les jours – des profondeurs de la terre chinoise", relève Marie-Christine Rey, qui a constaté un renouvellement profond chez les scientifiques chinois, passés "d’une archéologie de l’objet à une archéologie de site". Les nouveaux sites livrent une meilleure connaissance de l’urbanisme des premières cités-États (Erlitou, Henan) ou soulignent davantage le rôle de l’architecture dans l’ensemble des arts. Mais les résultats des fouilles ne simplifient pas toujours la tâche des chercheurs, ils rendent souvent l’histoire encore plus complexe à déchiffrer. L’ouvrage, qui couvre aussi largement les arts religieux et décoratifs, tient compte également des évolutions des collections privées et des départements d’Art chinois dans les musées. De nouvelles pièces sont entrées, provenant souvent d’une Chine plus ancienne et faisant donc découvrir un autre art. Cent cinquante nouvelles illustrations enrichissent la deuxième édition. Plus globalement, pour Marie-Christine Rey, "la leçon essentielle des plus récentes découvertes semble bien être la remise en question de l’idée de cultures disséminées sur un très large territoire, en quelque sorte happées par la civilisation centralisatrice et dominatrice du fleuve Jaune (au nord). Certains archéologues vont jusqu’à envisager l’hypothèse d’une véritable civilisation du fleuve Bleu (au sud)". La civilisation chinoise n’a pas encore livré toutes ses clés.
William Watson, Marie-Christine Rey, L’art de la Chine, Citadelles & Mazenod, 640 p., 1 180 F.
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William Watson & Marie-Christine Rey : « L’art de la Chine »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : William Watson & Marie-Christine Rey : « L’art de la Chine »