Une question de temps

Cinq heures, c’est la durée du film « La Visite des écoles d’art », projeté à partir du 1er juillet au Grand Atelier du Lieu unique de Nantes, dans le cadre du festival Estuaire. Greffant à la fiction cinématographique de Michel Aubry et David Legrand les travaux du groupe de recherche À propos d’une nouvelle école (Apné), le film mêle sans mal l’absurde aux plus hautes références culturelles : convoquant Malraux, Godard ou Robbe-Grillet, il jongle avec les styles et les registres et juxtapose conférences, images et dialogues de vieux films, personnages réels ou fictifs, morts ou vivants. L’ouverture annonce le ton : la marionnette de Pierre-Jean Galdin, directeur de l’École régionale des beaux-arts de Nantes (Erban), charge Erich Von Stroheim, sorti tout droit de La Grande Illusion, de partir en mission visiter les écoles des beaux-arts de France. « Nous avons choisi Von Stroheim parce qu’il apporte un monde autonome, il hante la vie des autres », révèle Michel Aubry, à l’initiative du projet, voilà quatre ans, avec David Legrand. « Finalement, il échoue dans sa mission puisqu’il ne décrit pas les écoles mais impose sa vision subjective ». Un échec qui souligne le vrai propos du film, celui d’un laboratoire de recherche qui est en soi un programme pédagogique. Cette fiction a surtout pour ambition d’ouvrir sur de multiples réflexions drôles, absurdes et parfois sérieuses. On peut la voir comme « un marathon » ou « passer devant comme dans une exposition ».
A l’inverse, « Otto », la nouvelle émission quotidienne de TV5, surprend par sa concision : décrire une œuvre d’art contemporain en une minute trente relève du défi. Conçue comme « D’art d’art » (la maison de production est la même), elle veut rendre l’art contemporain accessible à tous. Pour cela, Tom Novembre, son présentateur, s’amuse à faire correspondre à chaque œuvre une grande citation. La série s’attache aux œuvres de l’exposition « Spy Numbers » présentée actuellement à Paris au Palais de Tokyo.