Un livre pour rendre justice à Adolph Menzel

Peinture - Les éditions Hazan créent la surprise en reprenant un ouvrage important sur Adolph Menzel (1815-1905), peintre et illustrateur berlinois très peu connu de ce côté-ci du Rhin, paru cette année en Allemagne. Certains lecteurs se souviendront de la rétrospective que lui consacrait le Musée d’Orsay en 1996 (« Menzel, la névrose du vrai », titre qui reprenait le qualificatif d’Edmond Duranty). Les autres le découvriront au fil des pages de ce beau livre sous coffret dont les fausses apparences de monographie cachent en réalité une étude inspirée de l’historien de l’art Werner Busch. Ce dernier, dont l’introduction qui cite Richard Long et Harald Szeemann dit d’emblée qu’il s’agit d’un livre à part, s’en prend à l’étiquette de « peintre réaliste » que l’histoire de l’art a collée à Menzel, défendant la thèse que l’art de Menzel ne vise pas à l’objectivité. L’auteur veut comprendre les ruptures qui caractérisent la production de l’artiste et qui faisait dire au Journal des Arts en 1996 qu’il s’agissait d’une œuvre « inégale » : ainsi pourquoi l’artiste est-il capable de livrer brutalement, vers 1844, des pochades remarquables qui le font presque passer pour un proto-impressionniste ? Ou pourquoi l’artiste abandonne -t-il la peinture d’histoire pour la représentation de « la vie moderne » (chemin de fer, forges…) ? Certaines analyses sont plus discutables, comme celle qui fait voir dans les échafaudages peints une métaphore de l’insécurité, ou l’impact de la petite taille et de la myopie de l’artiste sur son œuvre… Mais on s’en accommode tant l’auteur parvient, aidé par les somptueuses reproductions du livre, à « rendre justice autrement à Menzel ».