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Uccello pendant et après

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 29 novembre 2017 - 414 mots

Une imposante monographie sur le peintre florentin fait la part belle à la fortune critique de l’artiste au XXe siècle.

Qui veut tout savoir sur Paolo Uccello (1397-1475) pourra se tourner sans crainte vers la monographie que lui a consacrée l’historien de l’art italien Mauro Minardi. L’ouvrage, paru chez Actes Sud dans sa traduction française, vient à nouveau démontrer que les coffee-table books – ces pavés trop peu maniables pour être feuilletés confortablement – peuvent être, plus que des objets décoratifs, de bons ouvrages scientifiques. Celui-ci n’est pas seulement magnifiquement illustré (offrant entre autres de précieux agrandissements des détails du célèbre cycle de la Bataille de San Romano), il propose une bonne synthèse des recherches les plus récentes concernant l’artiste florentin du XVe siècle dont la trajectoire « non évolutive » a souvent laissé les historiens de l’art dans l’embarras. Le peintre s’est en effet replié vers le gothique tardif après avoir mené des expérimentations ouvertement placées sous le signe de la Renaissance.
 

Au XXe siècle, Uccello est considéré comme un visionnaire

Si l’ouvrage déroule une chronologie de la carrière de l’artiste et de son corpus d’œuvres, il fait la part belle à une étape plus inattendue dans le parcours d’Uccello : la fortune, notamment critique, de l’artiste au XXe siècle. Une réception que l’on découvre très marquée par la vulgate de référence sur le peintre, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Vasari, ouvrage publié au milieu du XVIe siècle et qui a contribué a créé un « mythe Uccello ». Vasari y dépeint le peintre comme dédaigneux du vérisme des figures, obsédé par des travaux stériles sur la perspective, excentrique, moqué par ses confrères au premier rang desquels Donatello, et qui mourut seul et sans le sou. Cette description d’artiste maudit (pas tout à fait exacte, Uccello n’ayant jamais manqué de commanditaire) contribuera à porter celui-ci aux nues cinq siècles plus tard. L’auteur évoque la « culture française, qui avait tourné le dos au réalisme et au naturalisme pour plonger dans les expériences fin de siècle du symbolisme et du décadentisme » ; dans ce contexte, Uccello est considéré comme un visionnaire. Et nombreux sont les critiques d’art et écrivains à avoir regardé son œuvre à la lumière de productions très postérieures. Grâce à un « processus de simplification formelle et une tendance à l’abstraction évidente dans les chevaux de bataille à Londres, Uccello aurait anticipé le travail des cubistes modernes », selon le peintre et théoricien de l’art du début du XXe siècle Roger Fry.

 

 

Paolo Uccello, Mauro Minardi,
octobre 2017, Actes Sud pour l’édition française, Arles, 382 p, 140 €.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°490 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Uccello pendant et après

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