Une troupe de théâtre s’installe à la table pour une première lecture d’Hécube, la tragédie d’Euripide.
La Troyenne Hécube, femme du roi Priam, est un lot que se partagent les Grecs, vainqueurs de Troie. Elle accepte son esclavage pour sauver ses enfants. Las, son dernier fils Polydore vient d’être assassiné par son nouveau protecteur, Polymestor, roi des Thraces. Elle réclame justice et vengeance à Agamemnon, roi des rois de toute la Grèce. Au fil des répétitions, la comédienne qui interprète Hécube superpose la tragédie de sa vie personnelle – son enfant autiste sévère a été victime de maltraitance dans un foyer d’accueil – à celle d’Euripide.
C’est dans le cadre minéral et naturellement tragique de la carrière de Boulbon, haut lieu du Festival « in » d’Avignon, que Tiago Rodrigues, metteur en scène portugais et directeur du festival, déploie un procédé que l’art dramatique explore depuis le XVIe siècle, de Shakespeare à Pirandello en passant par Corneille, de « théâtre dans le théâtre ».
Si ce principe de superposition amène une certaine forme de classicisme dans la dramaturgie, et court le risque de devenir un artifice répétitif, il fonctionne bien ici car le metteur en scène ose le sentiment, posture assez rare dans la production théâtrale contemporaine. Précisons qu’il est servi par sept comédiens de la troupe de la Comédie-Française, qui sont des violons. Le jeu est virtuose, entre décontraction et puissance d’incarnation. Le metteur en scène aime ses acteurs et nous les fait aimer. Sans doute passe-t-on un peu à côté du thème majeur du spectacle – la question du droit et de ses limites. Mais on respire du théâtre.
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Respirer le théâtre
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Abonnez-vous dès 1 €Hécube, pas Hécube, texte et mise en scène de Tiago Rodrigues, Théâtre de la cité à Toulouse (du 15 au 23 novembre 2024), Anthéa à Antibes (du 6 au 7 décembre 2024), La Coursive à La Rochelle (du 29 au 30 janvier 2025) et Comédie-Française (du 28 mai au 25 juillet 2025).
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°778 du 1 septembre 2024, avec le titre suivant : Respirer le théâtre