Questions à… Jean-Christophe Castelain

La révolution numérique est incontestablement le phénomène marquant des vingt dernières années pour la presse en général et, pour L’Œil, en particulier. Tout d’abord concernant la fabrication : toute la chaîne éditoriale a été transformée par la numérisation des supports, des images aux fichiers que l’on envoie aux imprimeurs. En 2002, la rédaction recevait encore des illustrations sous forme de scans et devait donner aux imprimeurs des fichiers certifiés par des graveurs. L’arrivée des sites Internet et des réseaux sociaux a été une révolution, remplaçant les blogs des années 2000.

Les magazines d’art comme L’Œil y sont moins sensibles : c’est une presse de loisirs que les lecteurs préfèrent lire sur du papier. Ce n’est pas le cas des journaux sur l’actualité de l’art, comme Le Journal des Arts, qui se doivent d’avoir une déclinaison quotidienne sur Internet. Ce qui n’est pas sans avoir profondément modifié le rythme éditorial. Le grand enjeu des cinq prochaines années pour la presse artistique est l’IA (ChatGPT…).

En 2002, et bien avant déjà, il y avait beaucoup d’expositions dont celles que l’on nomme aujourd’hui des blockbusters attirant de nombreux amateurs d’art ; Manet au Grand Palais en 1983 avait accueilli 735 000 visiteurs, par exemple. Mais c’est surtout le goût du public pour l’art contemporain du public qui a progressé de manière spectaculaire. En 2001, la 49e Biennale de Venise a attiré 243 000 visiteurs tandis que celle de 2024 en a reçu 730 000. Les lecteurs sont devenus beaucoup plus au fait de l’histoire de l’art en 20 ans et ils ont des attentes plus élevées sur le contenu des magazines spécialisés. Néanmoins, il faut avoir en tête que l’art reste un loisir et qu’il faut en parler simplement.