Le troisième paradis, c’est d’abord un symbole, celui d’un idéal de vie terrestre. Sorte de signe de l’infini à trois cercles, c’est un espace « prêt à accueillir le temps futur » unissant la société humaine. Puis, Le Troisième Paradis s’est transformé en manifeste.
Le troisième paradis, c’est d’abord un symbole, celui d’un idéal de vie terrestre. Sorte de signe de l’infini à trois cercles, c’est un espace « prêt à accueillir le temps futur » unissant la société humaine. Puis, Le Troisième Paradis s’est transformé en manifeste. Entre essai politique et philosophique, l’ouvrage de Michelangelo Pistoletto raconte une histoire sociétale et environnementale du monde. Consumérisme et gaspillage, instrumentalisation à outrance de la Nature, déséquilibre mondial, individualisme, exaltation du superflu, l’artiste humaniste pose un regard critique sur la civilisation actuelle. Changer la face du monde est « urgent » et nécessite l’engagement de la communauté internationale.
L’art s’engage pour une nouvelle humanité
En 1994, Michelangelo Pistoletto disait : « L’art est l’expression la plus sensible et la plus complète de la pensée, et il est temps que l’artiste prenne la responsabilité d’établir une communication entre toutes les autres activités humaines, de l’économie à la politique, de la science à la religion, de l’éducation au comportement, bref, toutes les instances du tissu social. »
Depuis ses débuts dans le mouvement italien Arte povera, l’artiste utilise l’art comme un laboratoire de formes et d’idées. S’opposant au futurisme et à sa ferveur pour le progrès du début du XXe siècle, l’Arte povera défie cette société industrialisée et consumériste. Lorsqu’il crée la fondation Cittadellarte en 1998, Pistoletto concrétise sa conception de l’art, engagé au cœur de la société.
Inscrivant Le Troisième Paradis dans une pensée globale de son travail, l’artiste revient sur certaines de ses œuvres, développant la philosophie et l’interprétation qui s’en dégagent, telle que la Vénus aux chiffons (1967), icône du recyclage, où la beauté de la déesse de l’Amour se reflète dans une masse indistincte de déchets. Il expose ainsi les raisonnements de son art depuis cinq décennies, toutes ses réflexions qu’il a déjà transcrites dans ses œuvres.
Au-delà du symbolisme, une réalité ?
Réunion du premier paradis, l’Eden dans lequel l’homme vivait en harmonie avec la Nature, et du deuxième paradis, le monde actuel, artificiel, où l’homme a dominé la Nature, Le Troisième Paradis tend à définir un nouveau monde idéal. Pistoletto ne s’engage pas dans une simple critique, il appelle à une « transformation responsable de la société » où l’engagement intellectuel de chacun fera évoluer le monde vers le troisième paradis. Pour l’artiste, il s’agit de sensibiliser l’humanité à adopter un changement significatif d’orientation dans son mode de vie. « Chaque être humain doit prendre de plus en plus conscience de sa responsabilité ». Michelangelo Pistoletto espère « stimuler le débat ». Considérant que la survie de l’homme tient de l’initiative personnelle, « il revient à chacun d’interpréter, selon son propre jugement, la morale de cette histoire ».
Michelangelo Pistoletto, Le Troisième Paradis, traduit de l’italien par Matthieu Bameule, éd. Actes Sud, 2011, 110 p., 29,50 euros, ISBN 978-2-7427-9892-6
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Pour que l’art change le monde