Petit manuel des musées

Il s’en sort par une pirouette : « L’art de concevoir et gérer un musée », alors que « manuel de conception et de gestion d’un musée » aurait sans doute plus été approprié – mais la formule ne « fait » pas assez choc.

Un manuel donc, qui décrit toutes les étapes pour concevoir un musée et toutes les missions et tâches qui relèvent de la gestion de l’établissement. Il ne s’agit pas ici d’un énième essai sur les musées mais bien d’un ouvrage qui se veut très pratique, adoptant volontiers par moments le procédé de la check-list. Des check-lists pour rédiger un « projet scientifique et culturel » (PSC), pour réaliser un récolement ou pour organiser une exposition. Ce qui n’empêche pas les auteurs d’apporter des éclairages historiques ou de poser des questions de fond. Des points de vue que l’on lit avec d’autant plus d’intérêt que les directeurs de l’ouvrage, Claude Mollard – entre autres créateur des Frac (Fonds régionaux d’art contemporain), en 1982 – et Laurent Le Bon, président du Musée Picasso, connaissent parfaitement leur sujet. L’analyse des échecs faisant partie de toute bonne pédagogie, ils n’hésitent pas à les mentionner, certes avec élégance, sauf quand ils en sont partie prenante, comme dans le cas du Mobil Art, ce pavillon d’exposition dessiné par l’architecte Zaha Hadid et anciennement installé sur l’esplanade de l’Institut du monde arabe que Claude Mollard, conseiller de Jack Lang à l’IMA, range dans la catégorie des initiatives malheureuses.

S’il répond sans doute à une attente, l’ouvrage ne manque pas de défauts. Rédigé par au moins cinq auteurs, six en incluant la directrice des musées de Chambéry – lesquels sont très souvent cités–, le manuel comporte des redites et le sommaire n’est pas d’une logique à toute épreuve. Les nombreux exemples illustrés de bâtiments et d’aménagements intérieurs auxquels il est fait référence dans les derniers chapitres font un peu remplissage alors que la bibliographie est un peu courte. Enfin, la reliure n’est pas très maniable et les pages ont tendance à se détacher quand on veut ouvrir largement le livre. Les rééditions à venir, qui s’imposent compte tenu de la constante actualité en la matière, devraient remédier à ces imperfections.