New York : mille monuments

Si New York a été frappé au cœur et privé d’un symbole architectural par la destruction des Twin Towers, elle n’en demeure pas moins un incroyable creuset de l’art de bâtir. Car malgré un plan d’urbanisme tracé au cordeau et des règlements urbains drastiques, l’orthogonalité de la voirie n’a pas généré d’ordonnancement synonyme d’uniformité. Au détour des rues, il n’est pas rare de voir se côtoyer une église néogothique, un palais dans la plus pure tradition académique – styles importés de la Vieille Europe – et le plus improbable des gratte-ciel, qui réduit à un confetti toute construction de moins de dix étages. Pour qui n’aurait pas la chance de voyager outre-Atlantique – où n’aurait pas l’œil averti – voici un ouvrage qui permettra d’apprécier la diversité du bâti des 828 km2 de New York City, tranquillement installé dans son canapé. Conçu comme un catalogue de bâtiments (monuments publics ou simples immeubles d’habitation), cet épais volume – qui n’est pas propice à l’utilisation ambulatoire – recense les édifices dignes d’intérêt de la métropole américaine, borough par borough, de Lower Manhattan, où les Hollandais fondèrent Neuwe Amsterdam, à Staten Island, l’île sur laquelle débarqua Giovanni da Verrazano en 1524, et où l’on trouve encore d’élégants cottages. Chaque bâtiment fait l’objet d’un traitement similaire. Photographié en noir et blanc par Jorg Brockmann, doté d’un numéro qui permet de le localiser sur la carte du quartier, il est accompagné d’une notice explicative qui privilégie souvent l’anecdote à l’analyse architecturale. Qu’importe ! Outre les incontournables Flatiron ou Chrysler Buildings, l’ouvrage nous révèle quelques curiosités probablement méconnues des citadins pressés, comme cet élégant mur galbé paré de marbre dissimulant un jardin (Civic Center Synagogue), coincé dans White Street.