Pour peindre ainsi, il faut aimer. Et Paul Gauguin aima Madeleine Bernard (1871-1895) : sur le splendide portrait du Musée de Grenoble (1888), la jeune sœur de son ami Émile Bernard l’observe de biais avec un œil auréolé de vert et cerné de mystère, avec une bouche charnue dont on devine qu’elle va bientôt s’offrir, avec un buste droit qui est celui des intrépides et des opiniâtres.
Tout est dit – la beauté, l’indépendance et la spiritualité. Dans une langue fluide sans être serpentine, Marie-Hélène Prouteau excède le genre biographique pour écrire un tombeau : la « songeuse de l’invisible » est rendue à la vie puis à la mort, à la justice et à la justesse, à la postérité. L’écrivain fouille vingt-quatre années de cette « âme mystique » qui subjugua les artistes, fréquenta Genève et Saint-Briac, Vincent Van Gogh et Isabelle Eberhardt, des hommes et des femmes, toute une bohème, consentit à fuir – une mère, un travail, un destin –, joua à disparaître pour réapparaître afin de mieux mourir, emportée au Caire par la tuberculose. Magistral.
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Madeleine Bernard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Madeleine Bernard