Livre

Les livres d’artistes peuvent séduire le grand public

Deux foires de livres d’artistes à New York et à Londres

Par Ruth Corb · Le Journal des Arts

Le 7 novembre 1997 - 504 mots

Les interventions des artistes dans le monde de l’édition sont plurielles. Aux livres de peintres, des éditions à tirage limité, préparées avec un soin extrême et vendues à un prix élevé, ont succédé depuis quelques décennies des livres d’artistes entièrement réalisés par des créateurs et souvent proposés à des prix plus modérés. Établi depuis longtemps aux États-Unis, en France ou en Allemagne, ce secteur est moins actif en Grande-Bretagne, même s’il y connaît une évolution significative depuis quelques années. Deux foires vont se tenir du 7 au 9 novembre prochain, l’une à Londres et l’autre à New York .

LONDRES. Le livre d’artiste s’est beaucoup développé aux États-Unis depuis un quart de siècle, avec Ed Ruscha, l’un des représentants du Pop Art à Los Angeles. Dieter Roth, qui travaille en Allemagne, Lawrence Wiener, l’un des tenants de l’Art conceptuel américain, et le Britannique Richard Long. Leur objectif : échapper au système des galeries et toucher le public de façon plus directe. D’autant que, si ce n’est pour leur demander parfois d’illustrer la couverture de leurs catalogues, les galeristes se sont rarement intéressés à la volonté des artistes d’utiliser ce support. Quoique le succès de cette forme d’art semble avoir décliné à la fin des années soixante-dix, les musées, les fondations et les collectionneurs particuliers ont maintenu une demande en France, en Allemagne et aux États-Unis. Jusqu’au 19 oc­tobre dernier, la Bibliothèque nationale de France avait consacré aux “Livres d’artistes, l’invention d’un gen­re, 1960-1980”, une grande exposition (voir le JdA n° 38). Parallèlement, un salon avait été organisé lors de son dernier week-end. À l’inverse de l’Hexa­gone, héritier d’une longue tradition du livre d’artiste, la Grande-Bretagne est longtemps demeurée à la traîne en Europe. L’intérêt pour cette forme de production n’y a toutefois cessé de croître et le marché de s’y développer. La London Artists’ Book Fair qui se tient depuis cinq ans et rassemble au Barbican Centre soixante exposants, dont de nom­breux peintres et graveurs, est à mettre au compte des changements positifs. Dans ce pays, les livres de peintres ont, la plupart du temps, un tirage très limité, puisqu’on en publie quarante à cinquante, voire quel­ques centaines, et tout au plus un millier d’exemplaires. Parmi les nouveaux livres d’artistes, figure celui de Damien Hirst intitulé I want to spend the rest of my life everywhere, with everyone, 1 to 1, always, forever, now (voir le JdA n° 43), dif­fusé par Dillons, l’un des plus importants groupes de librairies de Grande-Bretagne. Le tirage initial a été fixé à 14 000 exemplaires, le prix à 59,95 livres (570 francs), et quelque six cents exemplaires ont été vendus dès les deux premiers jours. La raison : pour un prix raisonnable, cet ambitieux travail graphique offre au grand public à la fois des reproductions des œuvres de l’artiste et des textes qui  s’y associent.

THE LONDON ARTISTS’ BOOK FAIR, du 7 au 9 novembre, au Barbican Center
ARTISTBOOK INTERNATIONAL FAIR, trois galeries dans Wooster Street, SoHo, New York : Drawing Center, Brooke Alexander Gallery et Printed Matter.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Les livres d’artistes peuvent séduire le grand public

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