Malgré une mise en page assez rebutante et un titre trouble, mélangeant allégrement les notions de jardin et de paysage pour la plus grande confusion d’un lecteur, déjà ballotté depuis plusieurs mois par le remaniement incessant des définitions de paysage, de paysagisme, d’art environnemental et autres affaires de jardin, ce nouvel ouvrage est une bonne initiative. Résolument anglo-saxon, le choix de Jane Amidon démontre combien parcs et aménagements de l’environnement ont obtenu en quelques décennies leurs lettres de noblesses outre-Atlantique tandis qu’ils font preuve d’une imagination trop timide et rare en France. La plupart des projets exposés ici sous forme de fiche individuelle après une courte introduction thématique – « Lumière, couleur, texture » pour une partie, « Plans en mouvement » ou « Nouveaux Contextes » pour deux autres des sept thèmes retenus – mixent l’éthique et la discipline écologiques à l’histoire, l’économie et l’art afin de donner de nouvelles normes au paysage comme au jardin. Les plantes n’occupent plus de simples rôles de figuration mais agissent véritablement sur l’environnement et voient leurs propriétés écologiques réévaluées. Fini donc le jardin uniquement contemplatif ou récréatif. Désormais, le jardin apprend, soigne, reclasse avec style et conscience. Si les cas nord-américains ravissent le lecteur au fil de cette lecture sensible et bien documentée – le Swamp Garden des West 8 à Charleston ferait pâlir d’envie n’importe quel parc paysager –, une belle place est tout de même réservée aux élucubrations jardinières du festival de Chaumont-sur-Loire. Depuis la dissolution des frontières et des préjugés respectifs entre l’art, l’environnement et le design de paysage à la fin des années 1960, le jardin, sous couvert d’une bonne conscience verte parfois bien pratique et éphémère, n’a cessé de créer des émules, d’inspirer les esprits les plus créatifs. Il faut désormais espérer que cet ouvrage – à la fois beau livre et ressource documentaire pratique avec répertoire et fiches techniques – devienne le livre de références de bien des municipalités, histoire de voir évoluer en France la notion d’espaces verts. À l’heure où la mode des jardins est plus que jamais vive et médiatique, Le Jardin radical pourrait être déclaré lecture d’intérêt général.
Jane Amidon, Le Jardin radical : nouvelles définitions du paysage, Thames & Hudson, 2003, 192 p., 34,95 euros.
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Le Jardin radical
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : Le Jardin radical